INTERVIEW
d'...
ETGAR KERET
et
SHIRA GEFFEN
Réalisateurs des "MEDUSES"
CAMERA D'OR
FESTIVAL DE CANNES
Sélection Semaine de la Critique
FILM FRANCE-CULTURE
Sortie en salle
le 5 septembre
" La mer fait partie de l'identité de Tel-Aviv. Ce qui manque aux habitants du Proche-Orient, c'est le sens de la proportion...Face à l'immensité de la mer, on se sent vraiment petit. Et on peut alors réfléchir sur l'importance des choses...et commencer à voir les choses de façon plus nuancée"
PREMIÈRE QUESTION POUR ENTRÉE EN MATIÈRE.
COMMENT EST NE LE PROJET DE TOURNER "LES MÉDUSES"?
Shira Geffen :
Cela a commencé par une histoire que j’ai écrite. L’histoire d’une petite fille oubliée au bord de la mer. Il m’a semblé qu’il serait intéressant d’en tirer des images, d’en faire un film.
VOS PERSONNAGES VIVENT UNE DOUBLE FRACTURE.
UNE FRACTURE AU SEIN D'UNE CELLULE
(couple, famille, ami). UNE AUTRE AU SEIN
D'UNE SOCIÉTÉ QUI LES MARGINALISE. QUEL(LE) EST
CELUI OU CELLE QUI, A VOS YEUX, EST LE PLUS
EN DANGER, AU BORD DU PRÉCIPICE ET QUE VOUS
AIMERIEZ SAUVER?
Etgar Keret :
Souvent quand je revois le film, j’ai l’impression que tous ces personnages ne sont qu’un et que j’aimerai sauver tout le personnage. Dans chaque individu, il y a toujours quelque chose qu’il faut sauver.
TEL-AVIV EST L’ACTEUR CENTRAL DE VOTRE FILM. QUELLE PART A, SELON VOUS, CETTE MEGA MÉTROPOLE SUR LE COMPORTEMENT DE VOS PERSONNAGES ? TEL-AVIV EST-ELLE REPRÉSENTATIVE DE LA SOCIÉTÉ ISRAÉLIENNE ?
E. K :
Non, Tel-Aviv n’est pas représentative de la société israélienne. Je pense que Tel-Aviv est un état dans l’État. Souvent, on a du mal à imaginer comment cette ville, à quelques kilomètres du champs de bataille, peut avoir cet air blasé.
Il est difficile de comprendre comment une ville, entouré d’un environnement hostile, puisse avoir une vie aussi animée.
S. G :
Selon moi, beaucoup de villes dans le monde peuvent avoir des personnages comme ceux que nous montrons dans notre film. La ville ne change rien aux personnages. Je viens du monde du théâtre. Le paysage n’est qu’un décor de théâtre.
VOTRE EXPÉRIENCE D'ÉCRIVAINS VOUS A-T-ELLE
ÉTÉ NÉCESSAIRE POUR DÉCRIRE CES PERSONNAGE ?
E. K. :
Mon travail de réalisateur m'a appris, pour la 1ère fois, que bien des choses peuvent s'exprimer par l'image. Lorsqu'on écrit on est seul face au papier...Mais lorsqu' on filme on doit accepter de partager la création...un film est un travail collectif...j'ai dû aussi accepter de "couper" des personnages, pour que le film ne soit pas trop long par exemple, et j'étais si malheureux...
Vous savez ! Je suis égocentrique !
S. G. :
Je viens de l'écriture théâtrale. Il y a beaucoup de symboles provenant de cet art. et j'ai essayé d'en introduire aussi dans l'écriture du film.
LA MER EST AUSSI UN PERSONNAGE DU FILM.
E. K. :
La mer fait partie de l'identité de Tel-Aviv. Ce qui manque aux habitants du Proche-Orient, c'est le sens de la proportion. Tous les habitants de cette région ont en commun qu'ils se donnent souvent trop d' importance, et donnent trop d'importance aux problèmes de leur existence. Face à l'immensité de la mer, on se sent vraiment petit. Et on peut alors réfléchir sur l'importance des choses...et commencer à voir les choses de façon plus nuancée...
S. G. :
Les problèmes en Israël et aux alentours sont très sérieux. La mer sert à noyer nos tristesses.
IL EST PEUT FRÉQUENT DE VOIR UN COUPLE
CONCEVOIR ET RÉALISER ENSEMBLE UN FILM.
COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU CETTE EXPÉRIENCE ?
S. G. :
Notre couple est un vrai couple. Nous vivons ensemble depuis dix ans. Je viens du théâtre et aime le cinéma. Depuis que nous sommes ensemble, je sais mieux de quoi sera fait la fin du film.
De toutes façons, je n'aurais pas pu faire ce film seule.
E. K. :
Pour réaliser un film, il faut être complet. Dans la vie de couple, dans la vraie vie, l'un est prêt à tuer l'autre pour un retard, pour une absence .. Pendant le montage, Shira, qui venait d'accoucher, devait s'absenter. Lorsque je rentrais très tard dans la nuit à la maison, inquiète, elle me questionna sur mon retard. Mais quand je lui disais que je rentre du montage, ceci ne posait aucun problème...
Propos recueillis
Par Bernard Koch
INTERVIEW DIASPORABLOGJ
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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