"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, mars 22, 2011

LIBYE
DEROUTE
DESMILICIENS
DEKADHAFI
Source : lefigaro.fr en ligne le 22 mars



Les miliciens avancent dans le chaos

Par Adrien Jaulmes


À al-Zuwailina

Assis dans le vent au sommet de la dune, un groupe de volontaires de la révolution libyenne regarde les bombardements aériens. On entend les avions qui tournoient dans le ciel nuageux au-dessus du désert libyen, mais on ne les voit pas. Leurs bombes, si. Des éclairs apparaissent dans les premières maisons d'Ajdabiya, des panaches de fumée s'élèvent, puis le grondement des explosions retentit. Les miliciens applaudissent. «Sarkozy, good!» avant de retourner à leurs voitures garées à quelques kilomètres au nord de la ville.

Ajdabiya, avait été prise presque sans combats mardi dernier par les forces fidèles à Kadhafi, dernière étape avant la reconquête de Benghazi, et la répression annoncée de la révolution libyenne. Dès le lendemain des premières frappes de la coalition internationale, qui ont brisé in extremis l'assaut de Kadhafi sur Benghazi, les milices révolutionnaires se sont remises en marche vers le sud. Drapeaux révolutionnaires flottant au vent, pick-up équipés de mitrailleuses lourdes, voitures civiles maquillées de graisse et de boue, minibus et camionnettes pleines de combattants enthousiastes, leur cortège folklorique avait presque atteint l'entrée d'Ajdabiya en milieu de journée.

Dans le chaos des véhicules garés n'importe comment en travers de l'autoroute, des hommes crient en faisant signe d'avancer. La voie est libre. Les voitures s'élancent en fonçant vers Ajdabiya. Quelques minutes plus tard, une volée de roquettes s'abat avec un bruit énorme au milieu du cortège, soulevant d'énormes nuages de poussière. Les conducteurs pilent, debout sur les freins, font demi-tour n'importe comment en manquant de s'emboutir, et refluent à 150 km/h. Certains fuient même en marche arrière. La voie n'est pas libre. L'armée de Kadhafi en déroute, qui a semé derrière elle des dizaines de carcasses de chars calcinés, ne s'est pas débandée. Et a laissé des éléments retardateurs à Ajdabiya. Combien sont-ils? Personne ne le sait.

La déroute s'arrête un peu plus loin, et l'attente reprend. Des miliciens s'impatientent. «C'est organisé n'importe comment, je repars à Benghazi», dit l'un d'eux à la fenêtre de son pick-up. Certains s'installent pour la sieste à l'ombre de leur voiture. D'autres assurent que la voie est libre, ou affirment connaître un itinéraire de contournement, mais s'abstiennent soigneusement de bouger. Ou bien racontent franchement n'importe quoi. Un groupe remonte sur la dune, pour regarder les avions occidentaux terminer le travail. «Les gens de Kadhafi ne sont pas dans Ajdabiya», finit cependant par expliquer un vieil homme qui arrive de la ville, et semble un peu moins enclin à l'affabulation que d'autres. «J'ai vu quelques chars au niveau de la station-service à la sortie nord. Il y en a peut-être ailleurs, mais je n'en sais rien.»


Pagaille généralisée

S'il apparaît peu probable que les forces de Kadhafi soient de nouveau en mesure de passer à l'offensive après les pertes subies sous les bombes de la coalition, elles sont encore capables de stopper quand elles le veulent l'avancée des forces révolutionnaires. Et de gagner du temps.

L'armée improvisée de la révolution libyenne n'a apparemment tiré aucune leçon de sa déroute face aux soldats entraînés de Kadhafi. Il n'y a pas de chefs. Pas d'ordres. Pas de moyens de communications, même pas de simples talkies-walkies. Les réseaux de téléphone portables libyens sont coupés. Libyana, une compagnie appartenant à la famille de Kadhafi, fonctionne par intermittence, mais on se méfie des écoutes. De toute façon, personne ne sait très bien qui appeler.

On ignore ce qui se passe quelques kilomètres plus loin. Les rumeurs se répandent d'une portière de voiture à l'autre. Alors on se contente de foncer joyeusement à fond de train sur la route, jusqu'à ce que l'on essuie des tirs. À partir de là, on reflue dans une pagaille généralisée jusqu'à ce que quelqu'un décide de s'arrêter, et on établit un check point. La capacité des miliciens à former un embouteillage inextricable au milieu d'une autoroute en plein désert et avec un nombre réduit de véhicules est fascinante. Une voiture se gare au milieu de la chaussée. Une autre s'arrête en travers devant le capot de la première. Les suivantes se massent en quelques minutes autour de ce noyau jusqu'à ce que tout le monde soit bloqué.

Le problème des combattants de la révolution libyenne est qu'ils n'en sont pas. Malgré leurs accoutrements flamboyants, chapeaux de brousse, treillis camouflés de tous les motifs imaginables, lunettes de soleil et cartouchières, chèches et keffiehs, ils ne sont que des manifestants en armes. Ils disposent de mitrailleuses antiaériennes, déjà pas très efficaces contre les avions de Kadhafi, et dorénavant inutiles depuis que le ciel est contrôlé par l'aviation de la coalition internationale. Quelques canons de 106 mm sans recul et des lance-roquettes RPG, manquant de portée dans un paysage désertique, sont leurs seuls moyens antichars.

À la sortie sud de Benghazi, lundi, la route était bloquée par un monstrueux embouteillage, milliers de voitures des habitants venus voir les carcasses des tanks de Kadhafi, se photographier debout sur les engins, et ramasser quelques débris en souvenir.

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