MONTEE
ENPUISSANCE
DESULTRA-ORTHODOXES
ENISRAËL
Source : presse canadienne via
l'Associated Press en ligne le 15 janvier
Les Haredim à l'aube
de grands changements en Israël?
De Matti Friedman
(CP)
JERUSALEM
La communauté juive ultra-orthodoxe pourrait connaître une évolution spectaculaire en Israël. Minorité religieuse et autarcique, les "Haredim" font plus d'enfants que la moyenne et pourraient ainsi gagner en influence. Parallèlement, leur attitude commence à changer: ils sont plus nombreux qu'avant à servir dans l'armée et à travailler.
Selon un rapport de l'université de Haïfa paru en novembre, 30% des nouveau-nés juifs en Israël sont aujourd'hui haredim. La proportion des juifs ultra-orthodoxes dans la population devrait passer de 9% actuellement à 15% en 2025, selon des prévisions du gouvernement.
Il n'est pas rare de voir des familles avec dix enfants chez les Haredim ("Craignant-Dieu" en hébreu). "Nous ne voyons pas encore le plein effet de la croissance des ultra-orthodoxes", souligne le rapport de l'université d'Haïfa. "Il se fera sentir lorsque la jeune génération atteindra l'âge du service militaire et de travailler."
Les relations entre les Haredim et les autres Israéliens n'ont jamais été simples. Les ultra-orthodoxes sont souvent accusés de préférer les études religieuses au travail, et de rejeter la société moderne tout en vivant à ses crochets.
"Les Haredim ont créé un Etat à l'intérieur de l'Etat et sont en conflit depuis longtemps avec l'Etat d'Israël", explique l'animateur radio Kobi Arieli, membre de la frange libérale des Haredim. "Il n'y a aucune chance que cette situation continue."
Les Haredim sont 700.000 en Israël, dont 60% vivent sous le seuil de pauvreté. Environ la moitié des adultes ne travaillent pas. De nombreux hommes étudient la Torah à plein temps, bénéficiant d'aides du gouvernement, certes modestes, mais qui irritent la majorité laïque.
Le quotidien financier "The Marker" a estimé cette semaine que l'avenir d'Israël pourrait être "menacé" si le nombre des Haredim au travail n'augmentait pas. Mais la question peut-être la plus sensible concerne la conscription militaire. Quelque 50.000 ultra-orthodoxes qui étudient la Torah à plein temps en sont exemptés, une dérogation assortie d'une interdiction de travailler. Cette disposition est particulière à Israël. A l'étranger, les juifs ultra-orthodoxes travaillent et leur communauté subvient à ses besoins.
La semaine dernière, le chef de Tsahal, le général Gabi Ashkenazi, a vivement critiqué les Israéliens qui ne servent pas dans l'armée, estimant qu'ils devraient avoir "honte". Ce sentiment est largement partagé en Israël, mais l'influence politique des Haredim leur a permis de contrecarrer jusqu'ici les tentatives pour réduire les exemptions militaires et les aides, ainsi que les efforts pour forcer les écoles ultra-orthodoxes à enseigner des matières de base comme l'anglais, les mathématiques et les sciences.
Les Haredim tendent à rejeter la société laïque, jugée moralement corrompue, et à privilégier l'étude du judaïsme, la modestie et la charité. Ils vivent principalement entre eux, dans des quartiers séparés, possèdent leurs propres écoles et ont peu d'interactions avec le reste de la société.
La communauté ultra-orthodoxe n'est toutefois pas monolithique, et des signes d'évolution sont perceptibles, souligne Sergio DellaPergola, démographe à l'université hébraïque de Jérusalem. Le nombre d'Haredim servant dans l'armée ou effectuant leur service militaire a progressé, passant de presque zéro il y a dix ans à plusieurs milliers aujourd'hui.
L'armée a mis en place des programmes sur mesure pour les ultra-orthodoxes, permettant aux hommes haredim de servir dans un environnement uniquement masculin et de se nourrir de produits conformes aux règles alimentaires les plus strictes du judaïsme.
En une décennie, le nombre d'Haredim dans les programmes de formation professionnelle est de son côté passé de quelques centaines à 6.500, selon "The Marker". Et le nombre d'hommes ultra-orthodoxes ayant un emploi a augmenté de 8% en huit ans.
Ces chiffres préfigurent de grands changements, selon M. Arieli, qui assure que de nombreux jeunes haredim ne veulent pas vivre dans l'isolement et la pauvreté. "Cela se fera progressivement", dit-il. "D'année en année, de plus en plus de jeunes haredim vont rejoindre l'armée et travailler. C'est ce qui se passe déjà, et cela va tout changer."
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