"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, mai 08, 2009

ENMARGE
DELAVISITE
DUPAPE
ENTERRESAINTE
Source : valeursactuelles.com en ligne le 7 mai



Israel et ses croyants
Les enjeux de la visite papale,

du 11 au 15 mai.


Nathalie Harel,


La visite de Benoît XVI en Terre sainte s’inscrit dans un contexte de fortes tensions religieuses. Les chrétiens sont pris entre l’État juif et les mouvements islamistes.
Niché dans le décor pastoral d’Al-Mutran, sur les hauteurs de Nazareth, le collège Saint-Joseph est un havre de paix. « Regardez ces élèves », explique son charismatique directeur, le père Shoufani, en désignant un terrain de sport.

Des filles et des garçons en chemise bleu turquoise s’entraînent ensemble. « Ils ne savent pas eux-mêmes lesquels de leurs camarades sont chrétiens ou musulmans », ajoute-t-il. Archimandrite de l’Église melkite de Galilée, le père Shoufani escortera le souverain pontife lors de sa halte à Nazareth.

À quelques jours de la visite du pape Benoît XVI en Terre sainte, “Abouna Émile”, comme on l’appelle ici, reconnaît que cette coexistence entre juifs, chrétiens et musulmans va de moins en moins de soi sur le sol israélien : « À l’origine, le conflit israélien-palestinien n’oppose pas les trois religions monothéistes. », tient à préciser le père Shoufani.

Ce curé de la communauté grecque catholique n’a jamais cessé de promouvoir le “vivre ensemble”. Il fut le premier Arabe israélien à organiser, en 2003, une visite du camp de concentration d’Auschwitz, « pour aller à la rencontre de la douleur juive ».Aujourd’hui, il souligne que ce conflit a pris des composantes religieuses : « Ici, on invoque la Thora, là le Coran ou le Waqf. Chacun a développé un projet politico-religieux et s’enferme dans une case. Je crains désormais que le discours prédominant soit que chacun reste dans son ghetto. »

La visite de Benoît XVI s’inscrit dans un contexte sensiblement différent de celle du pape Jean-Paul II. En l’espace de neuf ans, la seconde Intifada, les événements d’octobre 2000 (marqués par la mort de treize Arabes israéliens lors d’une manifestation de solidarité avec le soulèvement palestinien) et, plus récemment, l’offensive israélienne à Gaza, ont exacerbé les identités nationales et religieuses.

« On traverse une phase de durcissement, et il faut bel et bien parler, dans certains cas, d’“identités meurtrières” », déplore le rabbin Dov Maïmon, en référence au titre de l’ouvrage de l’écrivain Amin Maalouf. Maître de conférences à l’université hébraïque de Jérusalem, cofondateur de plusieurs associations actives dans le dialogue judéo-musulman,Maïmon voit aussi dans le succès du leader ultranationaliste Avigdor Lieberman un signe du repli identitaire juif : «Globalement, la notion d’État d’Israël défini comme État juif et démocratique pour tous ses citoyens est en recul ».


Les Arabes chrétiens israéliens se plaignent
de vexations quotidiennes

Plusieurs incidents récents sont révélateurs de ces tensions. Comme en octobre 2008, dans la ville “mixte” de Saint-Jean-d’Acre (deux tiers de juifs, un tiers d’Arabes), où le comportement jugé irrespectueux d’un automobiliste arabe pendant le Grand Pardon (Yom Kippour) a mis le feu aux poudres entre les deux communautés. À la fin mars, l’activiste d’extrême droite Baruch Marzel a provoqué de violents affrontements entre les résidents d’Oum-el-Fahm et les forces de l’ordre israéliennes, en défilant avec des drapeaux israéliens, dans cette ville arabe sous contrôle du mouvement islamiste, située en bordure de la ligne verte.

Quant à l’opération Plomb durci à Gaza, elle a laissé des traces profondes. Témoin,la polémique soulevée par la participation au concours de l’Eurovision de l’artiste arabe chrétienne Mira Awad, aux côtés de sa compatriote juive Achinoam Nini (Noa). « Certains intellectuels arabes israéliens, soutenus par leurs concitoyens juifs de gauche,m’ont reproché de contribuer à créer l’illusion d’une coexistence judéo-arabe, en formant ce duo », regrette la chanteuse, par ailleurs actrice du Cameri, l’un des fleurons du théâtre israélien.

La politique de l’État hébreu à l’égard de ses citoyens non juifs repose sur un certain nombre de principes d’équité. Israël a bien inscrit la liberté de conscience dans sa déclaration d’indépendance. À l’issue de la guerre des Six Jours, l’État hébreu a aussi garanti le libre accès des Lieux saints de l’islam et de la chrétienté. L’État subventionne les écoles chrétiennes comme les autres. Comme le rappelle Catherine Dupeyron dans son récent livre consacré aux Chrétiens en Terre sainte (Albin Michel), « les principes se traduisent concrètement sur le terrain ».

En réalité, l’État hébreu n’est pas exempt de critiques. Les considérations “sécuritaires”, l’évolution du conflit proche-oriental et la montée des extrémismes ont provoqué un durcissement de la société juive contre les autres communautés non juives,notamment les Arabes chrétiens israéliens (20 % de la population israélienne) qui se plaignent de vexations, dont des fouilles très longues aux aéroports.Leurs représentants religieux ont plus de mal à obtenir les agréments pour leurs visas du ministère de l’Intérieur.

Plus généralement, les Arabes israéliens se plaignent de faire les frais d’une politique discriminatoire. « L’État hébreu n’a pas construit une seule ville arabe et les villes mixtes mêlant juifs et Arabes sont en voie de paupérisation, ce qui accroît les tensions », souligne Ghassam Manasra, un jeune intellectuel natif de Nazareth, défenseur d’un islam tolérant inscrit dans la mouvance soufie.

La plupart des juifs israéliens ne vivent pas au contact de leurs concitoyens arabes, dont ils ne maîtrisent guère la langue, l’arabe n’étant pas obligatoire dans le système éducatif juif. « 52 % des citoyens juifs n’ont pas une seule connaissance arabe chrétienne, une proportion qui monte à 82 % chez les orthodoxes », relève un récent sondage du Centre de Jérusalem pour les relations judéo-chrétiennes.

À ce manque d’intimité, s’ajoute le poids des héritages culturels.« Les clivages interreligieux doivent se lire à la lumière du passé, observe Avraham Elkayam,philosophe à l’université Bar- Ilan. De même que les juifs israéliens, marqués par deux mille ans de diaspora, peinent à développer une culture de majorité, leurs concitoyens musulmans, marqués par des siècles d’expansion de mentalité de minorité. »

Quant aux Arabes chrétiens (123 000), ils se présentent non sans humour comme “la minorité dans la minorité” tout en se montrant fidèles à l’État hébreu. « Nous ne sommes pas à plaindre en Israël et entretenons de bonnes relations avec nos voisins, qu’ils soient juifs ou musulmans », résume Marwan Basous, artisan à Shfaram. Toutefois, à ses yeux, l’État ne fait pas autant d’efforts en direction de sa minorité arabe chrétienne qu’il n’en déploie en faveur de sa population druze (les seuls non-juifs soumis au service militaire).

La situation des chrétiens des Territoires palestiniens est aussi préoccupante. Prise en étau entre le mouvement musulman fondamentaliste et les contraintes imposées par Israël – la “Barrière de sécurité” interdit toute existence normale –, cette population est pénalisée par un faible taux de fécondité et quasiment menacée de disparition. À Bethléem, elle compte environ 22 000 âmes (moins de 10 % de la population de la cité de la Nativité). Leur situation économique est précaire, ce qui accélère la tendance à l’émigration.


Le premier congrès interreligieux remonte à 2002

À l’heure où la perspective d’une résolution du conflit israélo-arabe semble encore très éloignée, certains jugent indispensable l’action des groupes de dialogue interreligieux.«Si 5% de la population arrive à avoir de bonnes relations avec l’autre, on assistera à un changement positif dans les attitudes et les comportements », observe le rabbin Dov Maïmon. Une centaine d’associations oeuvrent dans ce sens. C’est beaucoup moins que pendant la période de la seconde Intifada. Un cap a été franchi lors du sommet d’Alexandrie de 2002, premier congrès interreligieux au Proche-Orient lancé par le rabbin et parlementaire Michael Melchior, en coopération avec l’archevêque de Canterbury.

Les chefs spirituels ne sont toujours pas invités à la table des négociations du conflit israélo-palestinien. « Au-delà des photos, il faut encourager les actions de terrain », estime le père Shoufani, de Nazareth. À l’image des échanges scolaires organisés depuis près de vingt ans entre les classes de Saint-Joseph et celles de l’école juive Lyada de Jérusalem…

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