"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, juin 12, 2006

PASSERELLE

Source : lefigaro.fr en ligne le 12 juin 2006


Louis Gallois :
La SNCF n'est pas responsable
de la déportation des Juifs


Au nom de son entreprise, le président de la SNCF a décidé de faire appel du jugement prononcé mardi 6 juin par le tribunal administratif de Toulouse et condamnant la société nationale des chemins de fer à verser 62 000 euros à quatre membres de la famille du député vert Alain Lipietz. Après une dénonciation en 1944, ceux-ci avaient été transférés par train à Paris, dans un camp de transit où ils avaient passé trois mois avant d'être libérés. Il s'exprime pour la première fois depuis le jugement, dans «Le Figaro».
Le tribunal administratif de Toulouse vient de condamner la SNCF pour avoir, en 1944, transporté des Juifs arrêtés par les Allemands. La SNCF fait appel de ce jugement, certes sur des points de droit mais surtout parce que l'évaluation des faits qui sous-tend ce jugement est profondément contestable et contraire aux travaux historiques menés depuis 1992. C'est en effet à cette date que la SNCF a, à l'initiative de mon prédécesseur, Jacques Fournier, totalement ouvert ses archives. Une réalité s'impose d'évidence : c'est par le train que les déportés ont été acheminés et que 76 000 d'entre eux, parce qu'ils étaient juifs, ont été transportés jusque dans les camps de la mort. Le rail conduisait à Auschwitz.
C'est la SNCF qui assurait le trafic jusqu'à la frontière allemande. Elle a donc un devoir impérieux de transparence et de mémoire. Elle l'accomplit : ouverture des archives, travaux de l'Institut d'histoire du temps présent du CNRS, colloque «une entreprise publique dans la guerre» en 2000, expositions dans les gares et au siège de la SNCF sur les déportations d'enfants à l'initiative de Serge Klarsfeld, préservation des gares de la déportation... Ce travail, toujours douloureux, est nécessaire ; il sera poursuivi.
Mais la question est là : quelle est la part de responsabilité de la SNCF ? A-t-elle été un acteur autonome et volontaire ? A-t-elle été au-delà de ce que la menace et la force imposaient ? La réponse des historiens est clairement «non». La SNCF était sous la contrainte, en zone occupée, des forces d'occupation et, en zone libre, de la collaboration d'Etat de Vichy. La SNCF était trop importante pour l'approvisionnement du pays, les transports de troupes et d'armements allemands, les déplacements de prisonniers, de jeunes du STO ou de déportés pour qu'on lui laisse une marge de manoeuvre.
Elle était surtout trop essentielle à partir de 1942 pour la mise en oeuvre de la «solution finale». La SNCF a été réquisitionnée et mise à la disposition des Allemands par la Convention d'armistice. En zone libre, elle agissait sur les ordres des autorités de Vichy et sous la surveillance étroite de la police. En zone occupée et donc, à partir de 1943, partout, l'armée et la police allemandes ou la Reich Bahn – ce qui revenait au même – étaient physiquement présentes dans toutes les installations importantes de la SNCF et dans tous les trains de la déportation. Bien sûr, le travail technique était assuré par la SNCF, mais le choix des wagons, la composition des trains, leurs itinéraires et leurs horaires étaient fixés par les autorités allemandes ou celles de Vichy. Une partie de ces trafics de toutes natures commandés par les unes et par les autres ont probablement été indemnisés, les Allemands laissant d'ailleurs l'essentiel de la facture à Vichy. C'était la contrepartie de la réquisition. Bien sûr, il y a eu, comme partout, des collaborateurs au sein de la SNCF. Certains de ses personnels ont été justement sanctionnés à la Libération. Mais passer ainsi de ces fautes individuelles à la faute collective, c'est franchir un pas qui ressemble à un détournement de l'histoire.
Faut-il rappeler que plus de 1 500 résistants cheminots ont été fusillés ou déportés sans retour et que les représailles sur leurs familles et leurs collègues ont été particulièrement meurtrières ? Que les actions de résistance cheminote ont permis d'accélérer de manière décisive l'avancée des troupes alliées et la libération du pays en désorganisant les approvisionnements allemands ? Que la SNCF, enfin, est la seule entreprise française à avoir reçu la Légion d'honneur à titre militaire ?
Les cheminots ne se méprennent pas sur leur passé ; ils savent que leur entreprise a traversé des heures de gloire et des heures sombres ; ils savent que comme instrument de l'Etat de Vichy, la SNCF a été un rouage de la solution finale ; mais ils ne veulent pas que la SNCF endosse des responsabilités qui ne sont pas les siennes ni qu'on oublie la solidarité que par milliers les hommes et les femmes du chemin de fer ont manifestée à l'égard des déportés qu'ils transportaient ou le sacrifice héroïque des meilleurs d'entre eux.


(*) Président-directeur général de la SNCF.



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