LESCANDALE
MADOFF
Source : lefigro.fr en ligne le 26 décembre
Israël durement touchépar l'affaire Madoff
Marc Henry
L'Etat hébreu pourrait enregistrer plus de 600 millions de dollars de pertes. Parmi les victimes du scandale financier figurent des associations, des universités et des compagnies d'assurance.
En Israël, une myriade d'associations éducatives et caritatives subventionnées par de généreux donateurs américains ont subi des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars qui vont lourdement grever leur budget dans les prochains mois.
Le secteur privé semble moins touché. Mais sur ce front, les chiffres sont plus difficiles à obtenir en raison de la discrétion des victimes qui préfèrent adopter un profil bas pour ne pas attirer l'attention du Trésor sur des affaires d'évasion fiscale. Au total, les estimations des experts situent à plus de 600 millions de dollars l'impact en Israël.
Mais les dégâts réels pourraient être bien supérieurs. L'addition est particulièrement salée pour Hadassah, une puissante association féminine qui gère deux importants hôpitaux à Jérusalem, qui a vu s'évaporer 90 millions de dollars. Parmi les autres institutions frappées figure le Technion, l'équivalent israélien de Polytechnique qui a essuyé des pertes de plus de 8 millions de dollars. Plus grave, les fonds d'investissement détenus par l'American Technion Society, l'association de soutien à cet institut prestigieux, qui étaient contrôlés par Bernard Madoff, ont perdu 72 millions de dollars. Cette association a fourni depuis plus de soixante ans 1,3 milliard de dollars au Technion. Quelque 70 autres instituti ons, universités, collèges qui recevaient des dons gérés eux aussi en partie par l'ancien patron du Nasdaq devraient être touchés dans les prochains mois.
Un vrai traumatisme
La plupart des associations venant en aide aux plus défavorisés se préparaient, avant même l'arrestation de Bernard Madoff, à réduire leurs activités à la suite d'une chute des contributions en provenance de la communauté juive américaine touchée par la crise financière. Ces restrictions sont d'autant plus cruellement ressenties qu'Israël se situe parmi les pays où les disparités sociales sont très larges. Selon un récent rapport des Assurances sociales, un million et demi d'Israéliens sur 7 millions vit sous le seuil de pauvreté. «Le secteur associatif et caritatif permettait jusqu'à présent de venir à l'aide aux exclus, et d'amenuiser les tensions sociales», souligne le ministère des Finances.
Dans le secteur privé, on fait aussi ses comptes. Plusieurs compagnies d'assurances ont connu des déboires dans des fonds gérés par Bernard Madoff. «Les statistiques exactes ne sont pas connues pour des raisons d'image de marque, car il est embarrassant pour des institutions financières de reconnaître s'être fait gruger pendant des années sans avoir exercé le moindre contrôle sérieux sur la gestion des fonds confiés à Madoff», ajoute ce responsable qui requiert l'anonymat.
Pour la Leumi, le deuxième établissement du pays, le dommage est plus évident : le fonds d'investissement américain Gabriel, ébranlé par l'affaire Madoff, a l'intention de vendre 5 % du capital de la banque israélienne pour couvrir une partie de ses pertes. Le traumatisme est tel que les autorités mettent la dernière main à un système de contrôle dont l'objectif déclaré est d'empêcher un Madoff israélien de sévir. Les craintes portent sur les quelque 10 milliards de dollars engrangés par les fonds de capital-risque qui financent les entreprises dans le secteur clé de la haute technologie. Jusqu'à présent, l'État hébreu avait suivi le modèle américain.
Désormais, c'est la législation britannique de supervision considérée comme beaucoup plus contraignante, qui sert de référence.
» Avalanche de procès dans l'affaire Madoff
» Dossier - L'affaire Madoff
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