"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

samedi, juin 14, 2008

LEHAMAS
AGAZA
Source : lefigaro.fr en ligne le 13 juin





Dans les tunnels de Gaza, aux mains du Hamas


De notre envoyé spécial à Rafah,
Patrick Saint-Paul


Un an après la prise du pouvoir par les intégristes, plus de 350 souterrains ont été creusés pour échapper au blocus d'Israël et importer des denrées d'Égypte.
À la surface, les façades des immeubles de Rafah alignés le long de la frontière avec l'Égypte ont été transformées en gruyère par cinq années de mitraille israélienne. Jusqu'au retrait israélien de la bande de Gaza, en septembre 2005, la ligne de front courait ici le long de l'«axe Philadelphie» contrôlé par Tsahal.

Les rêves d'ouverture, qui avaient précédé le départ des troupes israéliennes, ne sont plus qu'un lointain mirage. En un an de pouvoir du Hamas à Gaza, le sous-sol a été transformé en une véritable sou­ricière. Au pied des immeubles, les tentes abritant l'entrée des tunnels de contrebande filant vers l'Égypte ont poussé comme des champignons.
Au lendemain de la prise du pouvoir par le Hamas dans la bande de Gaza, le 15 juin 2007, Israël a imposé un strict blocus à ce territoire : tous les points de passage vers Israël et l'Égypte ont été ­fermés et seules les denrées de toute première nécessité ont été autorisées à y transiter au compte-gouttes. L'objectif affiché était d'affaiblir suffisamment le pouvoir des islamistes pour qu'ils lâchent prise.
Cependant, un an s'est écoulé et les barbus tiennent Gaza d'une main de plus en plus ferme. En ­janvier, le Hamas, au bord de l'as­phyxie, avait fait sauter le rideau de fer de Rafah séparant la bande de Gaza de l'Égypte.

L'euphorie consumériste avait été de courte durée. Le président égyptien, Hosni Moubarak, avait ordonné la ­fermeture de la frontière au bout de quelques jours avant de lancer la construction d'un nouveau mur. Le résultat était prévisible : les islamistes ont pris le contrôle du trafic des tunneliers et l'ont industrialisé. Rafah, la ville des hors-la-loi, s'est muée en capitale de «l'import-export» version gaziote.
Désormais, plus de 350 galeries souterraines relient Rafah à l'Égypte. Le fracas des perceuses et des moteurs faisant tourner les poulies permettant de remonter les marchandises accompagne désormais le bourdonnement des drones de surveillance israéliens. Les maisons frontalières sont remplies de sacs de sable et l'on ne prend même plus la peine de cacher la terre fraîchement retournée. «Le gouvernement du Hamas nous au­torise à creuser des tunnels pour ­briser le siège imposé par Israël, affirme Abou Jendal, copropriétaire de deux tunnels. L'essentiel est de ne pas nous mettre à genoux face aux Israéliens.»

Deux équipes de dix hommes se relaient jour et nuit pour lui frayer un nouveau passage souterrain. Ils se partagent un salaire de 100 dollars, pour chaque mètre creusé à coups de perceuses et de truelles. Il leur faudra quatre mois pour parcourir les 800 mètres per­mettant de rallier l'ouverture en ­Égypte. «Certains creuseurs, très réputés, gagnent plus, explique Mahmoud 22 ans, qui a déjà foré une dizaine de galeries. C'est un salaire de mi­sère par rapport aux risques encourus. J'ai perdu quatre camarades dans des éboulements depuis que je fais ce travail. Mais à Rafah, le travail dans les tunnels est le seul qui rapporte. Des milliers de personnes y sont employés et tout le monde vit g râce aux tunnels. Mais, à cause d'Israël, nous sommes ­forcés de vivre comme des vers de terre.»
L'interphone venant du tunnel sonne. Une livraison arrive. Les poulies s'activent pour remonter dans le puits profond de 25 mètres des bidons d'essence et de diesel, qui manquent cruellement à Gaza. À Rafah, tout vient d'Égypte : chocolat, coca, médicaments, ordinateurs, moteurs, pièces détachées, huile, sucre, houmos, conserves, cigarettes… Tant que la demande est suffisamment forte, le coût du transport (350 dollars par sac de marchandise) est rentabilisé. L'im­portateur communique le numéro de téléphone de son contact égyptien au propriétaire du tunnel et il se charge d'acheminer la marchandise. Un garde du Hamas surveille tout ce qui transite par les tunnels.
«L'importation de drogue, d'al­cool, d'armes et de personnes est in­terdite», explique le surveillant barbu, équipé d'un talkie-walkie lui permettant d'appeler des renforts ou d'être prévenu en cas d'attaque israélienne. Le mouvement islamiste, qui prélève au passage une taxe variant de 20 à 30 % selon la marchandise, a ainsi trouvé dans ce trafic une source de financement confortable.
«Nous manquons de tout»
Cependant, ces marchandises ne représentent qu'une goutte d'eau par rapport aux besoins de la bande de Gaza. «Depuis que le Hamas est au pouvoir, nous manquons de tout : nourriture, essence, eau potable, médicaments, explique Samir, un commerçant. Les produits d'Égypte sont vendus au triple de leur prix, alors que 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. La survie est devenue notre préoccupation quotidienne. La règle la plus importante est de ne jamais tomber ma­lade. Faute de médicaments et de soins médicaux efficaces, la moindre maladie peut vous emporter.»

Le rôle du Hamas se réduit à gérer les pénuries. Ainsi, le gouvernement des islamistes distribue depuis deux mois des tickets de rationnement, indispensables pour obtenir quelques litres de carburant à la pompe. La seule réussite à l'actif du Hamas est d'avoir déjoué les pronostics en ramenant l'ordre et la sécurité à Gaza, où les bandes armées ma­fieuses faisaient la loi.
L'ordre a un prix. Les associations de défense des droits de l'homme dénoncent une année sombre à Gaza, pour les libertés individuelles.

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