POUSSEE
DELANTISEMITISME
ENFRANCE
PASD'ANTISEMITISME
MUSULMAN
Source : la newsletter de l'uam93.com via l'AFP
diffusée le 17 juillet 2012
"Inquiétante" poussée d’antisémitisme
dans les banlieues
Responsables du culte musulman et acteurs de terrain jugent "préoccupant" l'antisémitisme qui sévit en banlieue, mais estiment que le phénomène dont s'est récemment inquiété le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, est ancien, remontant à une bonne dizaine d'années.
"Oui, il y a un antisémitisme dans ces quartiers. Cela fait 10 ans qu'on le dit", a affirmé à l'AFP Iannis Roder, professeur agrégé d'histoire dans un collège à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), qui travaille avec le Mémorial de la Shoah. Il impute le phénomène à "une minorité qui se fait entendre".
Mais, de son point de vue, "rien de nouveau, à part qu'un ministre de l'Intérieur dise (cela) de manière très lucide!" Pour lui, en 2001-2002, après les attentats du 11 septembre notamment, "une parole déjà existante s'est libérée" dans les classes.
M. Valls s'est alarmé dimanche sur Radio J d'un "antisémitisme qui est né dans nos quartiers, dans nos banlieues". "On n'hésite plus aujourd'hui à insulter, à frapper un citoyen parce qu'il est juif au nom même de son appartenance", a-t-il dit, mettant en cause de jeunes musulmans.
"Les musulmans de France ne comprennent pas et n'acceptent pas que certains, ouvertement ou insidieusement, mettent en doute leur adhésion pleine et entière aux valeurs de la paix et de la justice qui fondent notre pays, et jettent la suspicion et la défiance sur leur religion", a répondu fermement le Conseil français du culte musulman (CFCM).
"Au quotidien, il y a parfois des mots qui peuvent blesser mais qui relèvent de l'imbécilité. Il n'y a pas d'antisémitisme musulman", juge M'Hammed Henniche, président de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93). "C'est juste le point de vue d'une élite qui veut stigmatiser les musulmans."
Malek Boutih, député PS de l'Essonne et ancien président de SOS Racisme, fait, lui aussi, remonter le phénomène au début des années 2000. Comme la sénatrice EELV, Esther Benbassa, qui le relie à la seconde Intifada des Palestiniens contre le gouvernement israélien.
Iannis Roder rapporte "une obsession juive chez certains", "beaucoup de propos complotistes". "Quelques jours après l'affaire Merah, certains ont dit: C'est un coup des juifs."
"Compliqué de connaître
la nature de l'agression"
En Seine-Saint-Denis, des sources policières interrogées par l'AFP n'ont pas noté récemment de "recrudescence" des actes antisémites par rapport aux dix dernières années.
Dans une grande ville de ce département, où se côtoient de nombreuses communautés, "il y a environ cinq plaintes par an pour dénoncer des propos ou des actes antisémites", indique une source policière. "Mais quatre fois sur cinq, l'enquête montre que l'identité juive de la victime n'a pas été la motivation de l'agresseur", précise cette source.
"C'est souvent compliqué de connaître la nature de l'agression", constate une autre source policière, qui note cependant "une sensibilité plus forte" des communautés, plus promptes à dénoncer des actes estimés racistes.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, a fustigé récemment l'antisémitisme, ce "fléau dont nous savons qu'il est devenu de plus en plus important chez certains jeunes appartenant à la communauté arabo-musulmane en France".
En plus d'un "discours politique fort et ferme", il va falloir "repenser la façon d'enseigner la Shoah", affirme Iannis Roder. "Se focaliser uniquement sur les victimes peut entraîner une concurrence victimaire. Il faut aussi travailler sur le processus historique et donc politique", explique-t-il.
Pour Malek Boutih, « il y a un problème d’action des pouvoirs publics ». « On est resté trop dans les déclarations de principe et les débats théoriques », estime le député, qui pense que « le ministre de l’Éducation doit trouver un moyen d’aborder ce thème dans les écoles ».
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