DIASPORABLOG
PARTENAIRE
en ligne le 30 mars à 22h 50
Dimanche 6 avril de 14h à 18h
Salle Clémenceau du Sénat
Rue de Vaugirard
75006 Paris
COLLOQUE
DIALOGUE DES MEMOIRES JUIVES
ET ANTILLAISES
HOMMAGE A ANDRE SCHWARZ-BART
en présence de son épouse Simone Schwarz-Bart
Colloque* organisé par l'AMITIE JUDEO-NOIRE
avec le soutien du CM 98, du CRIF et de Diasporablog
Dans un souci d'apaiser les confrontations qui se sont déclarées depuis une dizaine d'années sur les mémoires respectives, juives et noires, l'association co-présidée par le Docteur Kamami et le réaliateur guinéen, Cheik Doukouré, Amitié Judéo-Noire, qui compte déjà deux années d'existence, en rendant hommage à l'une des hautes figures de la littérataire dite "de mémoire", André Schwarz-Bart, Prix Goncourt en 1959, pour son roman "LE DERNIER DES JUSTES", souhaite installé, à l'occasion de ce colloque, entre les deux communautés, un véritable débat autour de la question des mémoires. Avec pour objectif, non pas de les opposer, mais bien au contraire, de montrer qu'elles peuvent avoir des complèmentarités tout en conservant chacune sa propre spécificité. Un précieux apprentisage de l'Histoire comparée de chacun des peuples permettraient d'éviter les amalgames.
L'existence, une première en France, de ce colloque pourrait être le prémice à cette nouvelle expériece.
Bernard Koch
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En prélude à cette rencontre, professeur associée à l'Université de Bar-Ilan de Jérusalem, traductrice, interprète, Francine Kaufmann, nous présente la part humaniste de l'écrivain André Schwartz-Bart, inscrite pleinement dans son oeuvre.
Hommage à André Schwarz-Bart
André Schwarz-Bart, né à Metz en 1928, disparaissait à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 30 septembre 2006, à l’âge de 78 ans.
Il avait été un précurseur du devoir de mémoire, tant de la mémoire juive que de la mémoire noire ; bien avant que l’on n’établisse une étrange concurrence entre les génocides, que l’on ne soupèse les souffrances des uns et des autres pour en négocier la charge polémique, avant aussi que l’Occident ne reconnaisse l’esclavage comme crime contre l’humanité comme il l’avait fait, d’abord, pour la Shoah.
Schwarz-Bart invoquait quant à lui le respect des droits de l’étranger, une « compassion » agissante dans le sillage du principe biblique fondé sur l’expérience historique de l’esclavage : «… Souviens-toi que tu as été étranger en Egypte ». Il déclarait : « Etre un écrivain juif, c’est être du côté des persécutés », « Les hommes sont solidaires » et il faut « aimer l’étranger pour sa différence1». C’est ainsi qu’il avait entamé la gestation d’un cycle de romans sur la traite des noirs et leur asservissement dès le milieu des années 50, à l’heure où il s’escrimait encore contre les impossibilités de décrire en termes littéraires les horreurs de la persécution et de la mort juives.
Devenu mondialement célèbre en 1959 avec Le dernier des Justes, il avait fui au Sénégal, puis à Lausanne et en Guadeloupe pour composer La mulâtresse Solitude. Il m’avait confié en 2003 que sous l’architecture complexe de la saga noire, il avait tenté d’écrire un livre « réversible », qui, comme un vêtement qu’on retourne, pouvait se lire des deux côtés à la fois : un côté noir et un côté juif… Mais peu de lecteurs ont su le déceler, même si le jury du Prix de Jérusalem qui l’avait couronné en mars 1967, avait associé les deux volets de l’œuvre et proclamé (je cite) :
« Au combat pour la justification de son propre peuple, il ajoute le souci des autres races opprimées, de tous ceux qui souffrent injustement aux mains de leurs frères dénaturés. La libération et la restauration de la dignité de l’homme noir ne lui paraissent pas moins impératives que le salut du peuple juif. Au nom de tous les hommes en proie à l’exclusion, au mépris, aux tortures du corps et de l’esprit, s’élève la voix dure, indignée, mais aussi pleine de compassion et d’humour triste, du romancier du Dernier des Justes et de La Mulâtresse Solitude ».
La même année, André Schwarz-Bart déclarait :
« Le monde concentrationnaire est le plus grand dénominateur commun de mes livres ». (…) Mon rapport avec les Antillais a été profondément juif. J'éprouvais un sentiment de fraternité, c'est-à-dire la possibilité d'une communication avec ce peuple.
Identité de la condition juive et de la condition antillaise ? Non. L'entreprise de génocide dont les juifs avaient fait l'objet instaurait, historiquement, une différence radicale. Contiguïté, plutôt, de deux expériences limites qui autorisaient un dialogue2 ».
Ce dialogue dans la différence, André Schwarz-Bart s’en était fait le chantre. Il condamnait le processus de mondialisation qu’il considérait comme le « lit de Procuste du cœur », prônant la diversité culturelle et le respect du particularisme de l’autre.
Il avait inspiré de nombreux auteurs noirs, notamment Yambo Ouologuem, malien de 28 ans qui avait calqué la structure et adapté des passages entiers du Dernier des Justes pour en offrir un pastiche inversé dans son « Devoir de violence », Prix Renaudot 1968. Ce roman cruel et sans illusions dénonçait une généalogie corrompue de seigneurs judéo-noirs de l’Afrique3. Au lieu de désavouer celui que beaucoup accusait de plagiat et de malveillance, Schwarz-Bart lui avait rendu cet hommage :
« Je ne m'inquiète en aucune façon de l'usage qui a été fait du Dernier des Justes... J'ai toujours considéré mes livres comme des pommiers, heureux que mes pommes soient mangées et heureux que l'un de mes pommiers soit désormais transplanté dans un sol différent. Je suis donc touché, bouleversé même, qu'un écrivain noir se soit inspiré du Dernier des Justes pour écrire un livre tel que Le Devoir de violence. Ce n'est donc pas M. Ouologuem qui m'est redevable, mais c'est moi qui lui suis redevable »4.
Cette générosité et ce respect de l’identité de l’autre sont à l’image de toute sa vie. Il a contribué à faire de la Mulâtresse Solitude, héroïne oubliée d’une révolte d’esclaves marrons, un personnage mythique dont la statue s’élève sur bien des places de la Guadeloupe et dont le nom s’étale au fronton de bâtiments publics. Puisse ce colloque consacré à élucider les rapports entre les mémoires juives et noires autour des œuvres d’André et de Simone Schwarz-Bart, rappeler à tous qu’André Schwarz-Bart fut un précurseur à l’écoute de toutes les souffrances humaines, dans une compassion agissante clamée dans l’écriture.
Francine Kaufmann (Jérusalem)
1 Presse nouvelle, n° 81, 10 au 16 février 1967 (éditorial et p. 6)
2 Le Monde, 1er février 1967, supplément au n° 6860, p. VII.
3 « La rumeur court que Ouologuem aurait reçu de son éditeur (Seuil) le conseil de s'inspirer du Dernier des Justes, best-seller qui devait servir de modèle à l'auteur africain ! Propulsé sur la scène internationale, le prix Renaudot bénéficia d'une attention spectaculaire aux Etats-Unis en large partie à cause de « l'affaire Ouologuem ». Cf. Kathleen Gyssels : « Yambo Ouologuem, nègre d'écrivains célèbres », 2006, texte inédit publié uniquement sur le site« île en île »
4 Cité par Adrien Huannou, La critique et l'enseignement de la littérature africaine aux Etats-Unis d'Amérique. Paris : L'Harmattan, 1993, p. 65.
Particpent à ce colloque :
Michèle Maillet, auteur de "L'Etoile Noire"
Malka Marcovitch, Historienne,
Docteur Serge Roumana, Président de CM 98
Jacques Dohamey, écrivin, proviseur de Guadeloupe
Maurice Dorès, écrvian, cinéaste
Alexis Nouss, Professeur de Littérature
Viviane Roumana, psychologue
Claude Dramé, Histoirenne, Présdente de la FIFET
et la comédienne LISETTE MALIDOR
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS :
09 54 85 94 58
amitiejudeonoire@gmail.com
La photo de cette page a été publiée par l'écrivain congolais Alain Manbeckou sur son blog, au lendemain de la disparution d'André Schwarz-Bart, en septembre 2006.
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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