INTERVIEW
de RICHARD PRASQUIER
NOUVEAU PRESIDENT
du CONSEIL REPRESENTATIF
DES INSTITUTIONS JUIVES DE FRANCE
propos recueillis
par Bernard Koch
Avertissement :
L'intertview que nous vous invitons à lire a été réalisé quelques jours avant le lancement de la campagne des candidats à la présidence du CRIF. Elle avait été commandée et publiée par le journal TELE J INFOS, courant mars. Cette interview étant la propriété de l'auteur, en raison de l'actualité, nous la republions sur notre site.
Merci de votre compréhension.
Bonne lecture
______ ______ ______ _______ _______ _______
Pouvez-vous nous tracer en quelques mots votre trajectoire personnelle ?
Je suis un des très rares enfants juifs qui soient nés en Pologne à la fin de la guerre. Nous sommes venus en France en 1946, avec le statut de réfugié polonais. Mon parcours a été celui d’un enfant de l’école de la République à une époque où ces mots avaient un sens fort avec depuis ma première enfance un sentiment familial très fort vis-à-vis de ce qui était alors le jeune Etat d’Israël où habitaient les quelques membres de ma famille qui avaient échappé à l’extermination. Je suis médecin cardiologue actif à Paris. J’ai cinq enfants, quatre petits-enfants.
Quel parcours de militant avez-vous suivi ?
Les semaines qui ont précédé la guerre des Six jours en 1967 m’ont particulièrement marqué : le sentiment d’abandon dans lequel se trouvait alors Israël, après la fermeture du détroit de Tiran, acte de guerre caractérisé, et les menaces très claires d’anéantissement m’ont fait sentir qu’Israël devait compter avant tout sur lui-même : c’était pourtant à une époque où l’image d’Israël dans le monde et en France paraissait unanimement positive. Mon militantisme : Renouveau Juif, AUJF s’est associé à une très intense activité médicale hospitalière ; il s’est renforcé quand je me suis après mon clinicat installé en cabinet privé. J’ai été plusieurs années Président pour la France des Bonds d’Israël, puis je suis devenu, il y a huit ans Président du Comité français pour Yad Vashem. Je suis membre du Bureau Exécutif du CRIF depuis 1998 et je suis depuis 6 ans Conseiller du Président du CRIF, mon ami Roger Cukierman. Je suis membre de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, dont je préside la Commission Solidarité ; je suis aussi membre du Conseil International d’Auschwitz et membre du Bureau Exécutif du mémorial de la Shoah. Mon implication dans la Mémoire de la Shoah est particulièrement forte.
Pourquoi cette candidature ? Que signification a-t-elle pour vous ?
Suite logique d’un parcours communautaire en grande partie axé sur le CRIF que je connais bien et où je travaille depuis plusieurs années de façon quasiment quotidienne, et où je pense avoir l’image d’un homme ouvert, réfléchi, , mais ferme sur les principes. Je m’occupe au CRIF des affaires internationales ; de par ma formation et ma connaissance des langues et des pays, de par mon travail spécifique dans le monde non juif, j’ai des facilités particulières pour porter la parole du CRIF.
Quels regard portez-vous sur la communauté juive, aujourd’hui ?
La communauté juive de France est exceptionnelle dans la diaspora. Elle est beaucoup plus diverse dans ses origines que la plupart des autres communautés, et cette diversité, largement revivifiée par l’arrivée en France des Juifs d’Afrique du Nord aboutit aujourd’hui à un remarquable enrichissement dans des relations individuelles apaisées . En outre le lien avec Israël et la connaissance d’Israël sont beaucoup plus marqués pour la France que pour toutes les communautés juives que je connais. Malgré cela, comme dans d’autres pays, le problème de la « déperdition » des juifs au fil des analyses démographiques est préoccupant.
Quelle est la caractéristique de votre candidature ?
Etre intelligent, ouvert, disponible, énergique et crédible et respecté aussi bien par la communauté juive que par le monde politique ou la société civile non-juive. Ne pas oublier qu’il doit à la France dont il est citoyen, respect et affection Et bien entendu avoir un indéfectible amour pour Israël.
Quelles sont les qualités pour être Président du CRIF selon vous ?
Etre intelligent, ouvert, disponible, énergique et crédible et respecté aussi bien par la communauté juive que par le monde politique ou la société civile non-juive. Ne pas oublier qu’il doit à la France dont il est citoyen, respect et affection Et bien entendu avoir un indéfectible amour pour Israël.
Si vous êtes élu, quelles seront vos principales priorités ?
Continuer à renforcer le CRIF , ce qu’a fait Roger Cukierman, en lui donnant les moyens de l’expertise. Lutter avant tout pour rétablir l’image d’Israël dont la dégradation est aujourd’hui sous des formes masquées le principal vecteur d’antisémitisme dans nos pays.
Votre position sur la montée de l’antisémitisme en France ? Faut-il s’en effrayer ? Si oui, comment, si vous prenez les commandes du CRIF en mai , comptez-vous remédier à ce mal persistant qui a pris de nouvelles formes depuis quelques années?
La récente déclaration de Raymond Barre nous rappelle que l’antisémitisme de « papa » n’est pas mort e qu’il n’attend que les bonnes occasions pour se manifester. Il se réalimente lui aussi aujourd’hui à l’image d’Israël telle qu’elle est véhiculée par des gens (media, enseignants...) qui ne sont pas pour la plupart antisémites, mais qui vont au plus facile et au plus porteur, c’est-à-dire à une lecture du monde suivant laquelle il y a les forts et les faibles, les puissant et les opprimés, les riches et les pauvres et où la détestation d’Israël –en général accompagnée de la détestation des Usa -sert de réservoir de bonne conscience humaniste. C’est pourquoi la lutte doit se porter dans ces milieux et pas uniquement dans la sphère politique.
Etes-vous en faveur du dialogue inter-religieux ?
Nul plus que moi n’a au cours de ces dernières années, au CRIF tout au moins n’a œuvré pour ce dialogue et en particulier avec les catholiques. Il ne s’agit pas de discussions théologiques ; elles m’intéressent à titre personnel, mais ce qui compte est le regard commun, l’action commune, l’estime et la connaissance de l’autre. Je suis fier de ce travail qui s’effectue avec des interlocuteurs de qualité exceptionnelle et qui diffuse dans la communauté des catholiques pratiquants.
Comment voyez-vous évoluer l’institution CRIF ?
L’institution CRIF doit absolument se renforcer sans se transformer : elle est la représentation politique des Juifs de France, elle n’est que cela, mais elle totalement cela. Elle doit garder ses missions, à savoir la lutte contre l’antisémitisme, la défense d’Israël et la Mémoire de la Shoah.
Quelle relation comptez-vous entretenir avec l’Etat d’Israël, si vous êtes élu ?
Cela va sans dire, aussi étroite que possible. Je vais quatre ou cinq fois par an en Israël, je parle hébreu, j’ai une fille et un petit-fils en Israël, je suis chez moi en Israël, j’ai failli y vivre et toute mon activité militante (AUJF, Bonds, Yad Vashem) a été tournée vers Israël. Il ne me viendrait pas à l’esprit de prendre des positions contraires à celles que prendrait un gouvernement israélien démocratiquement élu et fonctionnant dans les principes de liberté et de démocratie. Cela étant, le Président du CRIF est français ; il n’est pas l’ambassadeur bis d’Israël en France.
Comment vous vous définiriez-vous en tant que candidat ?
Fermeté, unité et ouverture : ce sont mes trois axes de travail et de vie. Je pense que mieux que d’autres, je suis capable de les concilier.
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire