"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, septembre 20, 2011

UNETAT
PALESTIEN
ALONU?
AUPAS

DELAPORTE
Source : lefigaro.fr en ligne
le 20 septembre 2011 à 9h 37

sur Diasporablog à 10h 39



La Palestine,
un proto-État en morceaux


Par Adrien Jaulmes



Ramallah présente les attributs d'une vraie capitale, mais il manque à un éventuel État palestinien la souveraineté nationale.

Bienvenue en Palestine. Ramallah, siège du gouvernement de Mahmoud Abbas, qui va demander vendredi la reconnaissance de la Palestine comme État membre de l'ONU a presque des allures de capitale. Passé le point de contrôle israélien au nord de Jérusalem et son embouteillage semi-permanent, la ville palestinienne, il y a encore trente ans une grosse bourgade perchée sur les collines, s'est considérablement développée.

Les immeubles et les villas ont poussé comme des champignons. La Mouqata, l'ancien quartier général de Yasser Arafat, où le vieux chef palestinien avait passé les dernières années de sa vie assiégé par l'armée israélienne, est devenue un édifice pimpant et moderne, où flotte le drapeau palestinien. Les commerces et les restaurants, les magasins de meubles et les malls ont fait de la ville le symbole d'une certaine prospérité retrouvée.

Les Palestiniens continuent de réclamer Jérusalem-Est comme leur capitale. Mais la partie orientale de la Ville Sainte a été annexée unilatéralement par Israël en 1980, et Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, est devenue, au moins temporairement, une capitale de facto pour le proto-État édifié par Mahmoud Abbas et son premier ministre, Salam Fayyad. Les deux hommes ont depuis quatre ans patiemment jeté les bases de l'État dont ils demandent à présent la reconnaissance pleine et entière par la communauté internationale. Tout le monde, jusqu'aux Israéliens, s'accorde à leur reconnaître une certaine réussite.

La police, entraînée et équipée par les Américains et les Européens, est devenue un corps discipliné. Les groupes armés qui pullulaient à l'époque d'Arafat ont déposé les armes, et les militants islamistes du Hamas ont été incarcérés ou sont étroitement surveillés.

Un drapeau et un hymne
Les ministères ont été dotés d'un budget de fonctionnement, notamment grâce aux efforts de Salam Fayyad. Ancien haut fonctionnaire du FMI, devenu ministre des Finances, puis premier ministre, il a été l'un des principaux artisans de ce succès. La corruption endémique à l'époque d'Arafat a été en partie endiguée, au moins sous ses formes les plus voyantes. «Mahmoud Abbas a rempli son contrat. Il a réussi à rétablir l'ordre et la sécurité en Cisjordanie», explique Qaddura Fares, politologue, activiste du Fatah et directeur d'un centre consacré aux prisonniers palestiniens. «Il n'y a plus d'armes qui circulent, et l'administration est en ordre. Il a fait tout ce que lui demandaient les Israéliens et les Américains dans la Feuille de route en 2003. En échange, il n'a rien obtenu. Les Israéliens ont continué la colonisation et à changer la réalité sur le terrain. Mahmoud Abbas doit maintenant faire quelque chose. C'est pour cela qu'il se rend à l'ONU.»

En plus d'une police et d'une administration en état de marche, la Palestine possède déjà de nombreux attributs d'un État. Un code postal et une équipe de football, ses propres plaques d'immatriculation, des passeports, un drapeau et un hymne national, son propre indicatif téléphonique (+ 970) et son code Internet (.ps).

«La Palestine est mieux à même de se gouverner que beaucoup d'États d'Afrique subsaharienne. Et sans aucun doute nettement plus que le Soudan du Sud, le dernier État admis à l'ONU», dit Sam Bahour, un homme d'affaires palestino-américain de Ramallah. « Mais on n'est jamais vraiment prêt à avoir un État quand on vit sous occupation. Notre économie n'est qu'une bulle largement dépendante des donateurs internationaux, et surtout visible à Ramallah», tempère-t-il. «Tous les attributs nécessaires à un État restent, d'une façon ou d'une autre, soumis à l'administration tatillonne de l'armée israélienne.»

Peau de léopard
Il suffit de lever le nez dans n'importe quelle rue du centre de Ramallah pour réaliser qu'il manque encore l'essentiel à un éventuel État palestinien : la souveraineté territoriale. Les toits rouges de la colonie israélienne de Psagot, construite sur la colline qui surplombe la ville, rappellent que l'Autorité palestinienne n'en a guère en dehors des agglomérations de Cisjordanie.

Depuis la signature des accords d'Oslo en 1993, les constructions israéliennes n'ont cessé de grignoter inexorablement, sous tous les gouvernements israéliens successifs, le territoire de la Cisjordanie occupée. Au point de rendre impossible la constitution d'un État palestinien doté d'un tant soit peu de continuité territoriale.

Jérusalem-Est annexée, est entourée d'un anneau de quartiers juifs. Il faut aux Palestiniens des documents et des permis délivrés par Israël et de longues attentes aux points de contrôle pour passer du nord au sud de la Cisjordanie, de Ramallah à Bethléem.

L'Autorité palestinienne ne s'exerce dans les faits que sur les blocs de peuplement palestiniens : Jénine et Naplouse au Nord, Ramallah au centre, et Bethléem et Hébron au Sud. En tout environ 40 % de la Cisjordanie.

Cette entité palestinienne en peau de léopard n'a aucun contrôle sur sa seule frontière internationale. L'unique point de passage avec la Jordanie voisine est le pont Allenby, tenu par Israël. Les Palestiniens de la diaspora ne peuvent le franchir qu'avec un visa israélien, généralement à durée limitée, qui ne leur permet d'accéder qu'aux Territoires palestiniens. Elle ne dispose pas de contrôle de son sous-sol - le creusement du moindre puits est soumis à l'autorisation de l'armée israélienne - ni de son espace aérien.

Rivalités fratricides
Les Israéliens ne sont pas responsables de tous les maux des Palestiniens. La lutte fratricide qui oppose le Hamas au Fatah a conduit à un morcellement supplémentaire des territoires occupés en 1967. Le Hamas gouverne depuis son coup de force de 2007 la bande de Gaza comme une autre entité palestinienne, rivale et concurrente de la Cisjordanie. La réconciliation signée au printemps dernier entre les deux frères ennemis est restée lettre morte, même si depuis les échanges entre Hamas et Autorité palestinienne sont devenus moins acrimonieux. Le Hamas a critiqué la démarche de Mahmoud Abbas à l'ONU, sans toutefois s'y opposer frontalement, et continue de réclamer «toute la Palestine mandataire».

L'âpre rivalité qui l'oppose à l'Autorité palestinienne entrave aussi le fonctionnement des institutions. Le Parlement palestinien qui siège normalement à Ramallah ne s'est jamais réuni depuis la victoire du Hamas aux législatives de 2006, et sa rupture avec le Fatah. Mahmoud Abbas, élu pour quatre ans en 2005, a vu son mandat expirer en 2009, et gouverne depuis dans un statut juridiquement flou.

La monnaie, autre attribut régalien, n'existe toujours pas. En attendant la création de la livre palestinienne, l'ancienne monnaie du mandat britannique, le shekel israélien est la principale monnaie en circulation.

«Après avoir établi des institutions, s'être plié à toutes les demandes des institutions internationales, avoir coopéré avec les services de sécurité israéliens, Mahmoud Abbas est au bout de sa démarche», dit Hani Masri, directeur du Centre de recherches et d'études Badael, à Ramallah. «Les Américains ne nous ont pas donné notre État. Nous avons presque perdu Jérusalem et la colonisation continue. Il n'y a pas d'autre solution que d'aller à l'ONU pour entrer dans une nouvelle phase.»

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