MEMOIREJUIVE
UNAPPEL
ASESOUVENIR
DUGRANDRABBIN
DEFRANCE
Source : le site du consistoire central
de France en ligne le 9 janvier
DIASPORABLOG
accueille....
L'Edito
du Grand Rabbin de France
N’OUBLIONS JAMAIS!
Dans la transmission publique, surtout celle véhiculée par les images, la marque nazie entache trop souvent la mémoire juive. Majoritairement photographiées ou filmées par les nazis et leurs collaborateurs, les images des cadavres, des ghettos, des camps, des expositions sur le Juif nous montrent ceux qui furent nos grands-parents ou arrière-grands-parents, non pas tels qu’ils furent, mais déjà défigurés par l’abjection de leurs bourreaux. Ainsi, de la vie de millions d’êtres humains, seule subsisterait la vision réductrice de leurs humiliations, de leurs supplices ou de leur mort. Mais est-ce l’image d’un homme avili, humilié, ou celle de son cadavre que nos familles décimées auraient voulu que nous gardions d’eux et que nous transmettions à nos enfants ? Ces images nous renseignent sur la souffrance des victimes et sur l’inhumanité de leurs bourreaux, mais elles ne nous disent pas qui furent ces personnes. N’oublions jamais qu’avant d’être victimes, ces six millions de Juifs étaient six millions de vivants. Avec une âme, un visage et une histoire personnelle. Par tous les moyens, nous devons nous attacher à dissocier le regard que nous pouvons porter sur les victimes de celui que portaient sur elles leurs assassins, nous employer à restituer à ces morts-là, dont les nazis voulaient effacer jusqu’à la trace, leur pleine intégrité, leur identité de vivants.
Beaucoup de survivants ont pu témoigner en public ; dans leur vie privée, ils se sont, pour la plupart, trouvés devant l’impossibilité affective et psychologique d’évoquer les disparus. Depuis, un immense travail a été entrepris par leurs descendants afin de retrouver, de collecter, de rassembler des documents imprégnés de l’empreinte des êtres concrets, comme autant de messages parvenus jusqu’à nous au-dessus des abîmes béants.
Ces récits, ces lettres, ces journaux, ces livres de souvenir, ces photos, telles que celles réunies dans le Mémorial des enfants juifs déportés de France de Serge Klarsfeld, certains films tissés de ces souvenirs, tel Zakhor de Fabienne Rousso-Lenoir, qui nous aident à recréer avec ces vivants une intimité nécessaire, à renouer les fils de la transmission et à réintégrer ces morts dans l’ordre des générations avec toute la force de leurs vies. Une force telle qu’elle retourne contre elle-même l’intention ultime du crime nazi : alors que l’individualité des bourreaux se fond en une seule et même figure uniformément répétée, masse anonyme d’une armée de marionnettes, leurs victimes, elles, réapparaissent dans la singularité et la plénitude de leur visage humain.
Gilles BERNHEIM,
Grand Rabbin de France
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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