"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, janvier 17, 2011

LATUNISIE
ENEBULITION
LAPPELDUFONDATEUR
ETDIRECTEUR
DUNOUVELOBS
Source : nouvelobs.com en ligne
le 16 janvier



"Nous sommes tous des Tunisiens",
l'appel de Jean Daniel


Co-fondateur et éditorialiste du Nouvel Observateur, Jean Daniel appelle à ne pas céder aux "convulsions de la vengeance et à la division tragique des héritiers" en Tunisie.

Personne ne sait jamais ce que peut engendrer un bouleversement politique dans sa forme émeutière puis révolutionnaire. Mais la façon dont ce bouleversement accède à l'existence peut être soit à déplorer, soit à célébrer. Pour ce qui vient d'arriver en Tunisie, il n'y a pas à hésiter. La célébration s'impose. Rien n'est plus authentiquement populaire, venant irrésistiblement des profondeurs et comparable aux grandes pages inscrites dans l'histoire, que les jacqueries qui ont suivi l'immolation par le feu du jeune marchand ambulant aussi pauvre que diplômé. Bien sûr on pense à Prague, à Jan Palach. Bien sûr on pense à tous les gavroches de notre XIXe siècle. A la façon dont le mouvement s'est étendu, la détermination avec laquelle ils ont d'abord provoqué les regrets et la peur du despote et les refus qu'ils lui ont opposé, quand ce dernier, pourtant héros de la police, s'est comporté comme un laquais congédié. Tout cela mérite qu'on ressente une sorte de "frénésie de solidarité" comme le disait Hélé Béji. Il y a de plus le fait que nous sommes Français, nous autres, solidaires de toutes les révolutions, nous autres, sensibles à la réhabilitation de la décolonisation manquée parfois affreusement. Nous pouvons enfin nous réjouir de la dignité retrouvée dans la gloire par un peuple si proche.


Personnellement, comme certains Tunisiens l'ont rappelé avec fidélité, j'ai noué pendant une partie de ma vie avec la Tunisie des liens qui ressemblent à des racines. J'ai accompagné toutes les phases de l'émancipation du peuple, je suis devenu un des confidents intermittents de Habib Bourguiba, le fondateur de la Tunisie moderne, qui avant de devenir un despote plus ou moins éclairé, a été l'inspirateur des grandes libérations comme celles de la femme. Enfin, mes amis tunisiens n'ont pas oublié : eux-mêmes ils me rappellent avec insistance le fait que lors des affrontements de Tizerte, j'étais blessé dans leurs rangs, atteint par des balles françaises. Ces engagements successifs m'ont donné avec le peuple tunisien des connivences et une intimité particulières. Mais ce rappel ne serait que narcissique et personnel s'il ne me conduisait à dire ce que je vais dire dans cet appel.



D'abord, je me suis senti malheureux de voir à chacun de mes voyages un peuple se soumettre, des journalistes s'humilier et des élites se laisser domestiquer par un despote dont la famille se comportait de manière injurieuse, et qui leur procurait une économie prospère pour les riches et qui se disait un rempart contre l'islamisme. Les grandes voix ont manqué ou elles ont été pratiquement étouffées, car c'est le peuple qui a rendu aux élites sa dignité. Mais aujourd'hui, en ces moments de célébration, tous les gens qui ont appris l'histoire des révolutions savent que si le pire n'est pas toujours sûr, rien ne l'empêche d'arriver, pour le malheur de tous. Il faut que les révolutionnaires d'aujourd'hui pensent à Lech Walesa et Nelson Mandela, et à toutes les révolutions de velours, plutôt qu'aux émeutes sanglantes de la terreur révolutionnaire de 1793 en France et de 1921 en Russie. Il faut éviter les convulsions de la vengeance et la division tragique des héritiers, comme cela s'est passé un peu partout dans le monde arabe. Il faut revenir à l'époque glorieuse des dix premières années de Bourguiba. C'est de tout mon cœur ce que je souhaite aux Tunisiens.



Jean Daniel

Aucun commentaire: