LENUCLEAIRE
ETISRAËL
Source : le blog de Rebé Backmann sur
le nouvelobs.com en ligne le 11 avril
Sécurité nucléaire:
pourquoi Netanyahou
ne va pas à Washington.
Ce n'est pas Benjamin Netanyahou qui conduira mardi la délégation israélienne invitée par Washington à la conférence internationale sur la sécurité nucléaire, à laquelle doivent participer une quarantaine de pays. Le premier ministre devait arriver demain soir dans la capitale fédérale et participer à plusieurs sessions de discussions avant de rentrer en Israël mercredi.
Il sera remplacé par son vice-premier ministre, Dan Meridor, titulaire du portefeuille de l'énergie nucléaire et des renseignements. Pourquoi ce changement, annoncé quelques jours seulement avant une conférence importante où devait notamment être discutée la sécurité des arsenaux nucléaires ?
D'après la presse israélienne, qui cite des « officiels » anonymes Benjamin Netanyahou a renoncé à son voyage à Washington car il redoutait qu'un groupe d'Etats musulmans, conduits par l'Egypte et la Turquie demande, en sa présence et devant l'ensemble des participants, qu'Israël signe le Traité international de non-prolifération nucléaire (TNP), entré en vigueur en 1970 et aujourd'hui ratifié par 189 pays.
Il y a quelques semaines, la Ligue arabe a appelé à la création d'un Moyen-Orient dénucléarisé. Elle a même demandé aux Nations Unies de travailler à déclarer le Moyen-Orient « libre d'armes nucléaires ».
L'ambigüité nucléaire
Comme l'Inde, le Pakistan et la Corée du nord (qui avait signé le traité avant de s'en retirer en 2003) Israël est l'un des pays considérés comme détenteurs de l'armé nucléaire qui n'ont pas signé le TNP. L'Inde, le Pakistan et la Corée, qui ont déjà procédé à des essais nucléaires ne nient pas disposer de l'arme nucléaire, et revendiquent même dans certains cas, sa possession. Israël a une stratégie différente qui repose sur l'ambigüité.
Les alliés d'Israël, comme ses ennemis, savent que l'Etat juif dispose de l'arme nucléaire. Les experts avancent même le nombre d'ogives disponibles, le type et la quantité de vecteurs utilisables, mais l'Etat d'Israël reste, dans ce domaine, totalement silencieux. Il ne confirme ni ne dément rien. On comprend dans ces conditions que même si le gouvernement israélien juge capital de participer à une réunion où sera abordée la production d'une future arme nucléaire iranienne, considérée comme une « menace existentielle » par une partie des dirigeants israéliens, il était difficile pour le premier ministre d'Israël de s'exposer à une revendication officielle de transparence.
Négociations :
toujours pas de réponse israélienne
L'annulation de ce voyage à Washington a peut-être pour Benjamin Netanyahou un autre avantage : elle le dispense d'un face à face, même bref, avec Barack Obama, au cours duquel le président américain n'aurait pas manqué de lui demander où en sont les initiatives attendues du gouvernement israélien pour rétablir un climat de confiance avec les Palestiniens et entamer enfin les « négociations indirectes » que devait conduire l'émissaire George Mitchell. Cinq semaines après le déclanchement de la crise diplomatique entre Israël et les Etats-Unis, provoquée par l'annonce de la construction de 1600 logements alors que le vice-président américain était en visite à Jerusalem, le gouvernement israélien n'a toujours pas fait connaître ses réponses aux demandes formulées par Washington. Officiellement les réflexions du gouvernement israélien ont été interrompues par les célébrations de la Paque juive.
Les célébrations sont terminées et les réponses israéliennes n'ont toujours pas été rendues publiques. Netanyahou estime-t-il qu'avec le temps, et l'appui de ses amis américains, il parviendra à assouplir la position de la Maison Blanche ? Le triomphe remporté lors de son intervention devant le congrès annuel de l'AIPAC, la principale organisation pro-israélienne des Etats-Unis, lui a-t-il donné le sentiment qu'il pouvait tenir tête à Barack Obama ?
Les déclarations du président américain et de sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, sur la solidité de l'alliance israélo américaine et l'attachement historique de Washington à la sécurité d'Israël lui ont-ils donné l'impression que la crise était terminée ?
Une nouvelle conférence
internationale ?
Un sondage au sein de la communauté juive américaine, rendu public il y a quelques semaines, devrait l'inciter à la prudence. Selon cette enquête, 59% des Juifs américains déclarent toujours soutenir Barack Obama alors que Benjamin Netanyahou ne recueille que 44% d'opinions favorables. Plus important : les relations entre les Etats-Unis et Israël arrivent, dans les préoccupations des Juifs américains, loin derrière la situation économique, la réforme du système de santé, le déficit budgétaire, la sécurité sociale, la lutte contre le terrorisme, les guerres en Irak et en Afghanistan.
Quand à la menace iranienne, présentée comme un risque majeur par les dirigeants israéliens, elle n'arrive qu'au 14ème rang. Enfin, loin de critiquer les pressions - relatives - de l'administration Obama sur le gouvernement israélien pour l'inciter à revenir à la table des négociations, 82% des Juifs américains soutiennent les efforts du président américain pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Ces efforts passeront-ils par une nouvelle conférence internationale, organisée par les Etats-Unis, qui pourrait se tenir à l'automne et qui reposerait notamment sur les progrès enregistrés lors des négociations de Taba en janvier 2001 ? C'est ce que semblent penser des diplomates arabes et occidentaux. En attendant, sur le terrain, la vie quotidienne des Palestiniens demeure chaotique.
Dans la bande de Gaza, où des raids aériens israéliens ont répondu à des tirs de roquettes sur Israël (35 roquettes ont été tirées au cours du mois de mars), le Hamas aurait obtenu de ses alliés du jihad islamique qu'ils mettent un terme à leurs attaques contre Israël.
En Cisjordanie, l'armée israélienne vient d'annoncer l'entrée en application d'une nouvelle réglementation en vertu de laquelle tous les Palestiniens qui ne seront pas en possession d'un permis de résidence valide seront tenus pour des « infiltrés » et pourront être expulsés, punis d'une lourde amende ou emprisonnés pendant 7 ans. Selon Haaretz, cette réglementation militaire transforme de fait plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens en criminels et les expose à être expulsés de Cisjordanie...
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