CHRONIC
Etats Unis :
La maturité de l’électorat juif
Par
Ftouh Souhail
Souvent diffamé et outré, ici nous présentons le vrai visage du vote juif aux Etats Unis .Il s’agit de la maturité de l’électorat juif qui est peu reconnue par les grands médias qui préfèrent plutôt désinformer et le présenter d’ une façon négative à chaque rendez- vous électoral.
Si les citoyens juifs américains sont des électeurs très murs c’est d’abord parce qu’ils sont de très bon citoyens et votent assidûment (1) dans des Etats clefs pour les primaires. Pour l'élection générale, ils pèsent peu face aux autres communautés.
Comme en a vu dans un précèdent article (2) les Juifs américains constituent, en effet, un peu moins de 2 % de la population des États-Unis. Mais, comme ils sont plus âgés que la moyenne, le pourcentage des Juifs est plus élevé au sein de la population adulte. Et, surtout, ils sont connus pour participer davantage aux élections que les Américains en général; dans un pays où l’abstentionnisme est traditionnellement important (aux présidentielles de 2004, moins de 57 % des inscrits ont pris part au scrutin).
La maturité de l’électorat juif n’émane pas seulement de son positionnement dans la population adulte et l’assiduité de sa présence pour exercer ce droit constitutionnel. Cette maturité se manifeste aussi par l’attachement des électeurs juifs aux questions qui intéressent tous les américains. Les considérations confessionnelles n'ont aucune influence sur le vote des juifs américains et il y est question de politique générale plutôt que de judéité.
Au moment où les arabes américains marquent leur enthousiasme sur le seul fait de la croyance religieuse du sénateur Barak Obama, le 15 janvier 2008, les dirigeants de dix parmi les principales organisations juives américaines, représentant pratiquement tout l’establishment juif américain y compris ses divers courants religieux, publiaient une «lettre ouverte à la communauté juive». Les auteurs de la lettre ouverte rappelaient que «les électeurs juifs, comme tous les électeurs, doivent soutenir celui des candidats dont ils considèrent qu’il sera le meilleur président» (3).
On remarque le style très mâture de cette lettre, où le mot «musulman» ne figure pas. Les dirigeants juifs ne voulaient évidemment pas évoquer la question religieuse dans la course présidentielle. Ils ne voulaient pas non plus se porter un jugement sur la foi musulmane de Barack Obama – ce qui eût été pour le moins déplacé –, ni laisser entendre qu’il y aurait quelque chose de dangereux ou de déshonorant, pour un candidat, à être musulman.
Cela nous montre incontestablement la maturité et le haut degré de citoyenneté auprès des électeurs juifs américains, des qualités qui manquent cruellement aux arabes américains qui n’ont aucune tradition démocratique ni aucun sens de citoyenneté.
Contrairement aux 150 millions d'électeurs aux Etats-Unis, la communauté musulmane américaine vote pour la religion d’un candidat. Elle lui importe peu le programme d’un candidat ou d’un parti. Ce qui explique d’ailleurs sa mobilisation douteuse pour Obama.
L’électorat juif aux Etats-Unis, qui porte en lui une tradition démocratique millénaire, cherche avant tout l’intérêt commun du pays (D’ailleurs à travers sa longue histoire la diaspora juive était respectueuse des coutumes des pays de résidences) c’est pour cela que les électeurs juifs américains n’ont pas avancé la question religieuse du candidat Barack Hussein Obama comme un argument électoral. Le démographe Ira Sheskin, de l'Université Juive de Miami, a estimé que «Son deuxième nom n'a eu aucune influence sur le vote des juifs».
La « citoyenneté », une valeur inconnue pour les arabes américains, demeure le seul argument défendu par l’électorat juif. D’ailleurs si la plupart des Juifs américains sont très attachés à Israël, ils ne considèrent pas que ce soit là un sujet de débat dans la campagne présidentielle.
Alors que pour les arabes américains Obama est avant tout « un bon président pour le monde arabe » (4).
Les Juifs américains sont avant tout des électeurs loyaux, fidèles et d’une maturité exemplaire aux Etats-Unis. Ils n’ont jamais avancé l’argument qu’un tel ou tel président serait bon ou mauvais pour Israël. Israël n’est pas un sujet de campagne aux élections américaines.
D’ailleurs selon le sondage annuel (de septembre 2008) commandité par l’American Jewish Committee (AJC), une des principales organisations juives américaines .Quand on demande aux Juifs quel sujet, selon eux, devrait être principalement évoqué dans le cadre de la campagne électorale, leurs réponses recoupent les sujets d’intérêt de l’ensemble des Américains. Une nette majorité (54 %) souhaite que l’on débatte d’abord de l’état de l’économie; ensuite vient la question spécifiquement américaine de l’assurance santé (11 %); puis viennent la guerre en Irak (6 %) et les problèmes relatifs à l’énergie (5 %) et au terrorisme (5 % également). Israël n’apparaît qu’ensuite sur la liste, avec 3 % des réponses.Faut-il en conclure que les Juifs américains n’accordent qu’une attention lointaine à l’État d’Israël? Ce serait une erreur. Dans le même sondage, quand on les interroge sur leur degré de proximité avec Israël, les deux tiers des Juifs (67 %) disent qu’ils en sont proches (dont 29 % sont «très proches»).
Si Israël n’est pas parmi les sujets prioritaires dont ils souhaitent que les Américains débattent aujourd’hui, cela tient manifestement à ce qu’ils perçoivent dans l’opinion publique nationale un large consensus à ce propos. On observe que, lorsqu’on leur demande qui, des démocrates ou des républicains, a la meilleure attitude au sujet du «soutien à Israël», 52 % des Juifs américains répondent «les démocrates», contre 32 % qui répondent «les républicains».
Voilà une bonne douche froide pour les antisémites de tout poils qui, au lieu de critiquer l’électorat juif, auraient pu apprendre d’abord des leçons de base dans la démocratie. D’ailleurs les électeurs juifs, ont beaucoup à apprendre aux électeurs arabes en général, et aux électeurs arabes américains en particulier, sur la notion de « citoyenneté ».
Quoi qu’il en soit, l’étendue de cette mobilisation arabe pour Obama et toutes les commentaires de la communauté musulmane américaine représentée au Parti démocrate, témoignaient de l’ampleur du problème : les arabes américains s’identifient à la religion d’un candidat. Le 4 novembre 2008, l’argument « de Barack Obama musulman » était le principal motif du vote au sein de la communauté musulmane qui a choisi massivement OBAMA.
Dur, Dur lorsqu’on n’est pas habitué à la « citoyenneté » !!!
Ftouh Souhail,
Tunis
Citoyen du Monde
(1) Voir notre article : « 4 novembre 2008, une Confirmation des Préférences politiques des Juifs américains »
(2) Voir notre article : Le Mythe d’un «lobby israélien»
(3) Voici la liste des organisations dont les représentants ont signé cette lettre ouverte: Jewish Council for Public Affairs ( le représentant les diverses organisations juives), United Jewish Communities (la fédération des organisations de services communautaires), Anti-Defamation League (la principale organisation de lutte contre l’antisémitisme), American Jewish Congress, American Jewish Committee, National Council of Jewish Women, Simon Wiesenthal Center, Religious Action Center of Reform Judaism (judaïsme libéral), United Synagogue of Conservative Judaism (judaïsme massorti), Union of Orthodox Jewish Congregations of America.
(4) Cette idée simpliste fut défendue aux Etats Unis , durant toute la compagne électorale, par une multitude d’organisations détestables : Le Muslim Public Service Network, Le Council on American Islamic Relations (CAIR), Le United Muslim Movement, la Muslim American Society, l’American Task Force on Palestine et le North American Islamic Trust une organisation financée par l’Arabie saoudite.
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