MUNICIPALES
2008
Source : lemonde.fr en ligne le 21 février à 9h 21
sur Diasporablog à 11h 25
Rama Yade perturbe elle-même
son parachutage réussi
Rama Yade a-t-elle commis un "péché de jeunesse" ? Après avoir comparé les journalistes à des "charognards" à propos de l'affaire du SMS de Nicolas Sarkozy, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme provoque une nouvelle polémique dans le cadre de sa campagne municipale à Colombes. Samedi dernier, devant les jeunes de la ville, la n° 3 sur la liste du maire UMP a fustigé "cette gauche qui dit défendre les modestes, les minorités et les immigrés, qui s'en prend à moi parce que je suis noire". Ces propos, diffusés en vidéo sur le site du journal Le Parisien (à voir ici), témoignent d'une campagne tendue dans cette ville des Hauts-de-Seine, particulièrement dans les cités où Rama Yade est en mission pour reconquérir l'électorat populaire.
Des Bouviers au Grèves, en passant par les Fossés-Jean ou le Petit-Colombes, ces quartiers ont voté à gauche aux dernières élections. Ségolène Royal, lors de la consultation présidentielle, est arrivée en tête. Si le 9 mars, leurs électeurs votaient majoritairement pour la liste conduite par le conseiller général PS Philippe Sarre, la ville risquerait d'être perdue pour la droite. Rama Yade avait donc été "invitée" par Nicolas Sarkozy à venir donner un coup de main à la maire sortante UMP, Nicole Goueta, pour séduire cet électorat.
Pour y parvenir, la secrétaire d'Etat visite toutes les familles, monte les escaliers, frappe aux portes des appartements HLM pour vanter "le bon bilan" de l'équipe sortante. Tout en s'imposant deux règles d'or : discrétion et modestie. Le crash retentissant du porte-parole de l'Elysée, David Martinon, à Neuilly, sous l'œil des médias, a servi de leçon. "Je mène ma petite campagne dans mon coin", déclarait Rama Yade, il y a une semaine. Elle refuse d'être suivie par des photographes dans ses visites de quartiers. Et surtout pas d'équipes de télévision ! Tout juste accepte-t-elle de parler, selon son expression, aux "journalistes modestes" de la presse locale, qui eux n'iront pas crier sur les toits ses faits et gestes. Car, d'après elle, "face aux électeurs, il faut être d'une extrême modestie. Le suffrage universel, c'est être entre leurs mains. Il n'y a pas de place pour les présomptueux. Faire campagne, c'est d'abord écouter. Les caméras, les photos, ça me gêne."
Cette stratégie avait, jusqu'à maintenant, été assez payante. Contrairement au parachutage de certaines têtes d'affiche, à Paris, qui ne suscite pas une adhésion enthousiaste sur le terrain, celui de la benjamine du gouvernement apparaissait comme une réussite. Si Rama Yade s'imposait une diète médiatique, c'était aussi pour masquer les reproches des militants de gauche sur le terrain. Ils la qualifient de "traître" car elle fait cause commune avec Nicole Goueta qui, rappellent-ils, "a interdit la cantine aux chômeurs et a été condamnée par la justice sur les mariages mixtes." Malgré toutes ces précautions, Rama Yade n'a pu échapper à une caméra, le 16 février. Pour sa première réunion publique à Colombes, au côté de l'ancien international de foot, Basile Boli, elle pensait maîtriser sa communication : elle lisait ses notes. Son naturel bouillonnant a balayé toutes ses bonnes intentions de "discrétion".
Jean-Pierre Dubois
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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