"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, mai 10, 2006

PASSERELLE

Source : www.communautarisme.net
via Libération daté du 10 mai 2006



CESSEZ DE JOUER AVEC LES MEMOIRES
par Jean-Pierre Azéma, historien


Les lois visant à imposer un jugement historique sont dangereuses pour la démocratie, selon Jean-Pierre Azéma, professeur à l'IEP de Paris, qui s'exprime ici au nom de membres de l'association Liberté pour l'histoire.


Nous sommes un certain nombre d'historiens à avoir lancé en décembre 2005 un appel «Liberté pour l'histoire» après que le Collectifdom eut assigné en justice, au prétexte de la loi Taubira, un universitaire auteur de l'ouvrage les Traites négrières (1). Nous participions aussi à la campagne visant à obtenir l'abrogation de l'article 4 de la loi dite Mekachera, enjoignant aux enseignants d'évoquer dans leurs cours «le rôle positif de la présence française outre-mer». Cet appel a été signé par près de 700 universitaires et chercheurs, avant d'être relayé par l'Association des professeurs d'histoire et de géographie. Nous réclamons le toilettage d'articles de quatre lois «mémorielles» qui prétendent imposer un jugement historique : la loi dite Gayssot du 13 juillet 1990 interdit le «négationnisme» de la Shoah ; la loi de janvier 2001 reconnaît le génocide arménien ; la loi dite Taubira du 21 mai 2001 qualifie la traite et l'esclavage de crimes contre l'humanité ; la loi dite Mekachera du 23 février 2005 affirme la reconnaissance de la nation aux Français rapatriés. Nous estimons, comme l'avait écrit Madeleine Rebérioux, que «la loi ne saurait dire le vrai. Le concept même de vérité historique récuse l'autorité étatique. L'expérience de l'Union soviétique devrait suffire en ce domaine». Nous ne disons pas que l'histoire appartient aux historiens : le résultat de tous les travaux qu'elle inspire devient le bien de tous. C'est précisément pour préserver ce droit de tout citoyen d'accéder aux connaissances historiques que nous nous élevons contre la proclamation de vérités officielles, qui, en imposant ce qu'il faut chercher, trouver, enseigner, au risque de sanctions administratives, voire pénales, est indigne d'un régime démocratique. Et notre association Liberté pour l'histoire soutiendra ceux qui, hormis les négationnistes des chambres à gaz, seraient menacés pour avoir enseigné la réflexion, le débat. En décembre, des responsables de groupes parlementaires de l'Assemblée nous avaient assurés à demi-mot qu'aucune nouvelle disposition ne viendrait aggraver ces lois mémorielles. Nous apprenons qu'une proposition de loi déposée par le groupe socialiste entend «compléter» la loi sur le «génocide arménien de 1915» : sa «négation» serait «punie des mêmes peines que la négation de la Shoah». Récemment, quarante députés UMP demandaient le «déclassement» d'un article de la loi Taubira «par souci d'égalité de traitement», plus probablement en représailles du déclassement de l'article 4 de la loi Mekachera. On assiste donc à ce que nous redoutions, à la rivalité et à la surenchère de mémoires victimaires qui prendront les enseignants, mais aussi la connaissance historique des citoyens, en otage. Que les députés ne prêtent pas attention aux retombées perverses des lois mémorielles, c'est désolant. Que leur dessein ne soit pas exempt de visées électoralistes est tout bonnement consternant.


Jean-Pierre AZEMA


(1) Olivier Pétré-Grenouilleau, Gallimard.

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