"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, mai 23, 2012

LESTRIBULATIONS
DESINSTITUTIONSJUIVES
ENFRANCE
OUCOMMENTSORTIR
DELANEUTRALITE



Diasporablog
accueille...


AVENIR DU JUDAÏSME


23 mai 2012



De la nécessaire neutralité
des institutions juives de France



Deux présidents côte à côte pour un 8 mai 2012
Pour nous Juifs de France, attachés à la Mémoire des nôtres exterminés par les Nazis et leurs complices, attachés aux valeurs de la République, qui sont le garant de notre droit à vivre en paix et en sécurité en France, les images des deux présidents de la République commémorant ensemble la Victoire de la démocratie et de la Résistance sur la barbarie nazie, resteront gravées avec émotion dans nos esprits. Entretemps un nouveau gouvernement a été mis en place.

Ces temps forts de la République clôturent une période de près de deux mois durant laquelle nous nous sommes imposés une trêve pour respecter les moments forts d’un calendrier chargé depuis le monstrueux assassinat de Jonathan Sandler, de ses deux jeunes enfants, Arieh et Gabriel et de la petite Myriam Monsenego, le 19 mars dernier. Il ne fut pas question pour nous de rompre la nécessaire unité de la Communauté juive de France, lors du mois de deuil, lors de la célébration de la fête de Pessah ou encore du Yom Hashoah. Profondément solidaires d’Israël, nous n’avons pas non plus voulu réagir à des propos ou à des faits polémiques, alors que nous célébrions avec Israël Yom Hazikaron à la mémoire des soldats de Tsahal tombés au combat et à la mémoire des victimes du terrorisme, journée qui interpellait particulièrement les Juifs de France pour qui les attentats de Toulouse et de Montauban restaient une plaie ouverte, pas plus que nous n’avons souhaité réagir alors que nous réjouissions avec nos frères israéliens de la célébration du 64ème Yom Haatsmaout, anniversaire de la Renaissance d’Israël. Ensuite, élection présidentielle oblige, nous en sommes revenus à la discipline de ne pas mélanger vie communautaire et échéances politiques nationales.

Si habituellement Avenir du Judaïsme ne traite pas de sujets politiques, nous pensons que s’impose une analyse de l’alternance au regard des questions qui touchent les Juifs de France. Cette belle image du 8 mai évoquée plus haut qui montre toute la force du respect de l’alternance démocratique républicaine, ne peut que nous renforcer dans notre volonté de d’appeler les membres de notre Communauté à davantage de recul dans leur appréhension des événements politiques de notre pays.

Durant la période électorale qui vient de s’écouler, la Communauté juive de France n’a pas connu, loin de là, la mesure et la sérénité qui conviennent à une telle échéance électorale : blogs, réseaux sociaux, chaînes de mails, de SMS, extrémistes, alarmistes, violents, racistes ont troublé notre quotidien. Ces attaques allaient toujours dans le même sens, l’accession très probable, et confirmée par le vote des Français, de François Hollande à la présidence de la République, disaient ces messages, « menaçait la vie des Juifs de France ». Des membres de notre Communauté, anonymes, mais le plus souvent, à visage découvert, relayaient allègrement les pires fantasmes de l’extrême droite raciste : « Son comité de campagne est majoritairement composé d’Arabes et d’étrangers. S’ensuivaient des listes délirantes où figurait par exemple comme élément exogène le Sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen (sic). Tariq Ramadan soutient Hollande, on a lancé un appel pour Hollande dans 700 mosquées, avec Hollande on enseignera le Coran au Catéchisme, etc. » Inutile de dire qu’à aucun moment, ceux qui véhiculent ces messages n’ont pris la précaution d’en vérifier la véracité ou d’en connaître les sources.
C’est donc à une sorte de panique irraisonnée que nous avons assisté. Chez certains observateurs, les réactions de la Communauté juive ont fait rejaillir le serpent de mer du « vote juif unanime », cette fois en faveur du président sortant, Nicolas Sarkozy.

Quelle est la cause de cette très forte inquiétude ?
En septembre 2000, éclate l’Intifada des Mosquées, un épisode sanglant de l’histoire du Proche-Orient. Durant plus de deux ans, des attentats-suicides meurtriers frappent sans discontinuer la population israélienne. L’armée israélienne tente par tous les moyens d’endiguer les attaques du Hamas et des autres groupes terroristes. C’est le cycle infernal attentats-répression. Indifférente aux victimes israéliennes, une partie de la gauche, les Communistes, les Verts, la LCR, le MRAP, la LDH, des organisations arabes conspuent Israël. On brûle des drapeaux israéliens. De certains rangs des manifestations, il arrive qu’on crie : « Mort aux Juifs ». Conséquence directe de ces événements, s’ensuit une vague de violence antisémite : insultes et graffitis anti-juifs, agressions physiques, tabassages, incendies de synagogues, etc. Au gouvernement, on vit les deux dernières années de la cohabitation, Jacques Chirac comme président de la République et Lionel Jospin comme Premier ministre. Malgré les appels du CRIF et des organisations juives de gauche, le gouvernement dans son ensemble et le ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant, en particulier, se montrent incapables de mesurer l’ampleur de cette vague de haine antijuive. Parallèlement aux agressions antisémites, c’est aussi le temps des « incivilités » : on siffle la Marseillaise, on caillasse des commissariats, etc. Et le gouvernement en vient à confondre les unes et les autres et s’avère incapable de trouver des réponses aux unes comme aux autres.
On connait la suite : pour de nombreux juifs, comme pour des démocrates sincères, c’est le divorce d’avec la gauche et le candidat socialiste à la présidentielle d’avril 2002 ne sera même pas au second tour.


Hollande, les Juifs et Israël

En mai 2003, un groupe d’hommes et de femmes de gauche de toutes origines, mais partageant une même volonté de combattre l’antisémitisme et l’antisionisme qui sévissent dans une certaine partie de la gauche française créent le Cercle Léon Blum, présidé par Laurent Azoulai et qui compte parmi ses membres fondateurs, Nicole Bricq, la toute nouvelle ministre de l’Ecologie.
Le premier colloque, « Antisémitisme : la gauche face à elle-même » est emblématique de cette action. Il réunit près de huit-cents personnes en novembre 2003. A l’époque, Premier secrétaire du PS, François Hollande, le nouveau président de la République, y fait une intervention remarquée, dont voici un extrait :
« (…) Je veux seulement relever trois faits incontestables, qui justifient aujourd’hui ma présence. Le premier fait incontestable, c’est la montée, ces dernières années, de l’antisémitisme en France. Celui de l’extrême droite, qui a des racines, dans le pays des thèses de Drumond et des lois de Vichy. S’y est ajouté le fanatisme religieux, l’antijudaïsme camouflé dans l’antisionisme. Il a pris des formes brutales, violentes et agressives, mais aussi des formes plus intellectuelles, plus politiques et plus sociales. La volonté a été de transposer le conflit du Proche Orient au cœur même de la République. Le résultat est là : résurgence d’actes et de propos antisémites, violences, agressions contre des personnes, des lieux de culte et des écoles.
Cet antisémitisme a progressé, dans un contexte où le racisme s’est aussi développé.
Le second fait incontestable, c’est que la gauche et le Parti Socialiste n’ont pas pris toute la mesure de ce phénomène. Identifiant l’antisémitisme à la seule extrême droite, la gauche a répugné à qualifier d’antisémites des faits au prétexte que leurs auteurs venaient des quartiers les plus pauvres de nos villes. Recherchant l’apaisement, pensant, sans doute, que la mémoire de la Shoah rendait impossible cette résurgence, la gauche a sous-estimé le nombre d’actes et de faits relevés, réduisant ainsi leur gravité. Parce qu’ils se situaient dans la gauche, dans l’extrême gauche ou dans le combat social, la gauche n’a pas dénoncé non plus avec suffisamment de vigueur le comportement de groupes et de personnalités, qui donnaient des excuses, et parfois même des tribunes, à ceux qui veulent établir le lien entre le conflit au Proche Orient et les débats au sein de la République.
Je le dis ici, et je le dis fermement, gravement : ce temps-là est terminé. Oui ! Il y a une résurgence de l’antisémitisme. Oui ! L’antisémitisme doit être combattu avec force. Oui ! Les instigateurs et les auteurs de ces actes n’ont aucune justification. Oui ! Toute indulgence, toute absence, tout silence serait une faute. Oui ! Il faut une réponse à la hauteur de l’enjeu (…)
La menace que nous distinguons bien derrière cette résurgence de l’antisémitisme, c’est la confusion entre le politique et le religieux. C’est le fait que certains fassent de la politique avec leur religion, transforment des militants en croyants et des croyants en militants, confondant les espaces privés et religieux avec les espaces publics politiques. »

Lors de ce colloque prendront également la parole des intervenants représentatifs d’une gauche consciente de la menace antisémite et de son « camouflage » (pour reprendre le terme de François Hollande) en antisionisme. Mentionnons parmi d’autres : outre Nicole Bricq déjà citée, Pierre Moscovici, ministre de l'Économie, des Finances et du Commerce extérieur et Aurélie Filipetti, ministre de la Culture et de la Communication, tous deux membres du Comité d’Honneur du Cercle Léon Blum. Et puisque nous avons mis l’accent sur le Comité d’Honneur du CLB, il faut aussi mentionner deux autres de ses membres :

Jean-Marc Ayrault, l’actuel Premier ministre qui présida, le 17 mai 2006, un autre colloque du CLB « Léon Blum, 70 ans après »

et Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale.

Pour compléter les liens entre les membres de l’actuel gouvernement et des manifestations liées à Israël et à la lutte contre l’antisémitisme, indiquons de manière non exhaustive :

la participation de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur à des voyages de jeunes dirigeants politiques en Israël dès la fin des années 1980 et à la création de l’association Avenir France-Israël,

le rôle de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, dans la commission mixte CRIF-PS, l’accueil, au fil des années, à Paris dans des mairies d’arrondissements, de la commémoration de l’assassinat d’Itshak Rabin. Organisée par la Maison Itshak Rabin, sous la présidence de Bernard Zilberg, cette cérémonie a ainsi été accueillie à la mairie du XXème arrd., par George Pau-Langevin, aujourd’hui ministre déléguée à la Réussite éducative et à la mairie du IVème arrd., par Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la Famille, commémoration à laquelle a également participé Vincent Peillon (novembre 2011, mairie du XIème) …

Pour conclure provisoirement ce rappel historique, signalons que le 1er novembre 2010, François Hollande et Manuel Valls figurent parmi les principaux signataires d’une tribune contre le boycott d’Israël dans les colonnes du journal Le Monde.

Certes, ne faisons pas d’angélisme, tout n’est pas « rose » au Parti Socialiste. Il existe aussi des points négatifs, même s’ils ne concernent pas le positionnement personnel de François Hollande. La présence à ses côtés de Stéphane Hessel durant la campagne électorale ou son dialogue avec Edgar Morin, l'existence dans une coalition hétéroclite de gauche d'éléments, antisionistes pour les uns, sans aucune sensibilité au vécu et aux souffrances des juifs, pour les autres ne nous rassurent pas. Le rapport d’une mission sur l’eau du député socialiste Jean Glavany en janvier dernier qualifie l’attitude du gouvernement israélien sur cette question « d’apartheid », la reprise par Eva Joly (même si elle a ensuite fait marche arrière) de l’expression de Nathalie Arthaud sur « Gaza, camp de concentration à ciel ouvert » et d’autres déclarations nous incitent à la vigilance.

Mais force est de constater que ce gouvernement, tel qu’il est constitué et de toutes les informations ci-dessus exposées, devrait plutôt inciter les dirigeants des institutions juives en tout premier lieu à se rappeler leur devoir de réserve, à entamer un dialogue fécond avec ce gouvernement, comme avec les précédents, et à renoncer à leurs attitudes partisanes. Comme l’a rappelé Pierre Besnainou, président du FSJU dans les colonnes de Libération, le 17 mai dernier :
« Ces dernières semaines, au nom de la Communauté juive de France, de nombreuses voix ont exprimé, ici ou là, en particulier sur internet, les inquiétudes les plus graves. On aura revendiqué publiquement une préférence pour le président sortant, on se sera prêté à la dramatisation, parfois à la caricature des intentions de l’autre candidat et des conséquences, supposées dangereuses, notamment pour les Juifs, de sa possible élection. On aura même agité l’épouvantail d’une islamisation de la société française. Le Fonds Social Juif Unifié, qui fédère en France trois cents associations dans tous les champs de la vie juive, ne s’y associe pas… ».

Pourquoi d’autres dirigeants d’institutions n’ont-ils pas suivi cette position, préférant s’enfermer dans le mutisme ou pire, dans un mélange des genres contraires à leur objet social…


Le mélange des genres…
En effet, nous connaissons les interdits bibliques de Deutéronome XXII – 9. Ne plante pas d’espèces différentes dans ta vigne. Si tu le faisais le produit des semences que tu as plantées et les fruits de ta vigne seraient perdus. Deut. XII, 10. Ne laboure pas avec un bœuf et un âne attelés ensemble. Deut. XII, 11- Ne porte pas de mélange interdit ou il y aurait ensemble de la laine et du lin.
Nos Maîtres s’en sont inspirés et nous enseignent à être très suspicieux quant aux mélanges contre nature.

Respectueux de cet enseignement, nous sommes appelés à poser le problème des liens entre le politique et le religieux.

Ainsi, Jack-Yves Bohbot, Vice-président du Consistoire Central, membre du Consistoire de Paris et président de la Commission administrative de la Synagogue de la rue Notre-Dame de Nazareth, institutions cultuelles et donc par essence tenues à un devoir de réserve, se présente comme candidat aux Législatives (UMP, 6ème circonscription de Paris – voir le flyer).

Cette candidature et ses responsabilités consistoriales ne créent-elles pas un conflit d’intérêts et un mélange des genres ? Les dirigeants des Consistoires n’auraient-ils pas dû, comme le veut la pratique établie par leurs illustres prédécesseurs, exiger de Jack-Yves Bohbot qu’il se mette en congé de ses fonctions communautaires ?

Au lieu de cela, deux cérémonies d’ampleur nationale avec une forte visibilité de l’intéressé se sont déroulées en un mois à Synagogue Nazareth :

Le 19 mars 2012, l’office à la mémoire des victimes de la tuerie de Toulouse, en présence du chef de l’Etat.

Le 19 avril, l’office de Yom Hashoah.

Ce dysfonctionnement n’est pas un cas isolé. Il intervient après plusieurs autres attitudes partisanes de l’institution cultuelle. Ainsi, lorsque s’est tenu le « Congrès des Communautés » au Palais des Congrès le 18 mars dernier, Manuel Valls qui n’était alors encore que député-maire d’Evry s’est vu confronté, non pas à un adversaire politique, ce qui aurait été conforme aux règles de l’équilibre politique, mais littéralement pris en tenailles par deux ténors de l’UMP, Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP et Claude Guéant le ministre de l’Intérieur sortant.

Outre que ce déséquilibre politique est illégitime, ne marque-t-il pas l’institution comme inféodée à un parti politique ?

Deux mois quasiment jour pour jour après que Manuel Valls a été personnellement confronté à un acte d’hostilité qui relève de la violation du devoir de réserve qui s’impose au Consistoire, il se retrouve donc en sa qualité de ministre de l’Intérieur, le ministre de tutelle de cette institution ! C’est dire à quel point le caractère partisan des dirigeants de cette institution crée la confusion et l’absence de règles en la matière la place dans une situation totalement anarchique !

Faut-il rappeler les règles qui fonctionnement dans d’autres institutions pour faire barrage au mélange des genres ? Des responsables du CRIF qui ont par exemple fait état de leur fonction au CRIF pour favoriser leur élection à un mandat politique ont été systématiquement démis de leur fonction, cette sanction étant prévue par les statuts de l’organe politique de la Communauté juive de France.

Ce constat nous amène aux questions suivantes :

Puisque les garde-fous qui fonctionnent au CRIF, ne figurent pas dans les Statuts des Consistoires et d’autres grandes institutions ? Ne faudrait-il pas qu’une charte soit signée par tous les dirigeants pour que les prochaines Législatives ne soient pas une occasion de se servir d’une institution juive comme tremplin politique ?

Dans la situation d’alternance politique que nous vivons aujourd’hui, ce mélange inextricable entre activités cultuelles et implications politiciennes risque de nuire gravement aux relations entre le Consistoire et les pouvoirs publics. L’élection du Président du Consistoire Central le 24 juin 2012, n'est-elle pas une occasion d'ouvrir un véritable débat sur la gouvernance en général et sur la question de la neutralité politique des institutions juives en particulier ?

L'interdiction du cumul des mandats sera l’une des premières mesures du nouveau gouvernement. Des hommes et femmes de différents bords politiques se sont d’ailleurs déclarés favorables à cette mesure (Alain Juppé par exemple vient de l’adopter puisque dès à présent il n’occupe plus que la fonction de maire de Bordeaux). Cette idée faisant son chemin dans la société française, n’est-il pas temps pour les grandes organisations du secteur associatif de l’adopter comme principe de bonne gouvernance, autant dans la Communauté juive qu’ailleurs ?



Avenir du Judaïsme


Directeur de la publication :
Charles Tenenbaum

Aucun commentaire: