LESCHRETIENS
DEFRANCE
ETLESFLOTILLES
POURGAZA
Source : la newsletter du site
Jerusalem et Religions diffusée
le 17 juillet 2011
Flottille de la paix ou de la discorde ?
Fin juin, une quinzaine de bateaux tenteront, comme en mai 2010, de se rendre à Gaza. Affrété par les milieux pro-palestiniens, un navire français devrait partir d’ici la fin du mois de Marseille pour se joindre à l’opération intitulée « Flottille de la liberté pour Gaza ». L’an passé, une première opération s’était achevée dans le sang et neuf militants avaient trouvé la mort lorsque le paquebot turc Marvi Marmara avait été pris d’assaut par des commandos israéliens. Israël estime que l’opération est le fait d’extrémistes islamistes. L’État hébreu a de nouveau mis en garde, cette année, contre les provocations qui pourraient aboutir à des affrontements.
Plusieurs associations chrétiennes, comme le CCFD-Terre solidaire, Pax Christi ou La Cimade, soutiennent l’initiative. En mai, elle a été relayée par un « Appel aux chrétiens à se joindre à l’initiative un bateau français pour Gaza ». L’appel ne mégote pas sur les références bibliques pour la paix, la réconciliation et les respects des droits de chaque partie. Les initiateurs précisent qu’il s’agit d’un appel à la prière et suggèrent plusieurs propositions d’animation liturgique autour de ce projet qu’ils qualifient pourtant de politique. Intention louable, sauf que l’initiative ne semble pas faire l’unanimité au sein des milieux chrétiens.
Président de la Fédération protestante de France (FPF), Claude Baty a été sollicité pour signer l’appel national, question qu’il a mise en débat au Conseil de la FPF. Sur le fond, la Fédération protestante a adopté une attitude prudente. Et, de fait, ne soutient pas l’initiative. Claude Baty le justifie par plusieurs arguments. « L’opacité des initiateurs en premier lieu, souligne-t-il. Nous ne savons pas qui est derrière l’initiative de cette nouvelle flottille. » Le président de la FPF avance un autre argument politique : « Il y a aujourd’hui une ouverture de la frontière avec l’Égypte. Au regard de ce qui s’est passé, l’initiative de cette deuxième flottille nous semble plus provocatrice que pacificatrice. » Pour ce qui est de l’approche théologique, Claude Baty rappelle également que l’appel aux chrétiens se réfère au Document Kaïros, publié en décembre 2009 et « qui ne fait pas l’unanimité ».
Si la FPF ne soutient pas l’initiative, elle ne la boycotte pas non plus, rappelle-t-on rue de Clichy. S’il n’a pas été signé par Claude Baty, le texte de l’appel aux chrétiens a été diffusé sur le site officiel de la FPF, protestants.org. Le dossier est sensible à plus d’un titre. « Ce genre d’initiatives est très problématique dans nos relations avec le judaïsme, même si ce n’est pas cela qui dicte nos prises de position », reconnaît volontiers Claude Baty.
Sujet biblique et politique
Il n’a échappé à personne que l’appel aux chrétiens était signé par quatre évêques catholiques et… quatre pasteurs, Jacques Maury, Jacques Stewart, Jean Tartier et Jean-Arnold de Clermont, tous anciens présidents de la Fédération protestante de France. « C’est un hasard mais sans l’être tout à fait », argumente Jean-Arnold de Clermont. Sur cet état de fait, l’actuel président de la FPF reste, lui, discret. « Vous comprendrez mon devoir de réserve », sourit Claude Baty. « Je regrette la position de la FPF », avoue, en revanche, Jean-Arnold de Clermont. Il est, avec Jean-Claude Petit, ancien directeur de l’hebdomadaire La Vie et président du réseau Chrétiens de la Méditerranée, à l’initiative du texte. L’un et l’autre sont connus pour leurs positions plutôt propalestiniennes.
La question israélo-palestinienne suscite encore et toujours divisions et débats au sein des Églises. Chez les protestants, elle est même exacerbée du fait du rapport à la Bible et au judaïsme. « Dans certains milieux chrétiens, il y a un soutien indéfectible à Israël, légitimé par les persécutions du passé. D’autres estiment qu’il faut être présent auprès des Palestiniens au nom de la défense du faible », résume Claude Baty. « Les divergences se fondent sur le fait qu’il y a confusion dans certains milieux chrétiens entre l’actuel État d’Israël, soumis à la critique, de mon point de vue, comme n’importe quel autre État, et l’Israël de la Bible », estime Jean-Arnold de Clermont. De biblique, le problème passe sans cesse en effet au plan politique.
Comment se démarquer des prises de position sans nuances des « propalestiniens » ou des « pro-israéliens » tout en s’affirmant « ami d’Israël », mais opposés à l’occupation et favorables à la création d’un État palestinien viable ? Les chrétiens, pas plus que les autres, n’ont trouvé de réponse unanime.
Source : Bernadette Sauvaget et Jean-Luc Mouton, Réforme, 23/6//2011
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