"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, novembre 09, 2010

UNISLAMDEFRANCE
EST-ILENTRAIN
DENAÎTRE?
Source : la newsletter de l'UAM 93

diffusée le 8 novembre



La Seine-Saint-Denis,
laboratoire de l’islam de France



Écrit par
Ilyess


Dimanche, 25 Juillet 2010


Des musulmans de toute la France sont attendus ce week-end pour un « salon » au Bourget. L’occasion de dresser le panorama de la présence musulmane dans le département. Les préparatifs battent leur plein. Demain, le Parc des expositions du Bourget (Seine-Saint-Denis) ouvrira ses portes à la 27e édition de la « Rencontre des musulmans de France », le rendez-vous annuel fixé par l’Union des organisations islamiques (UOIF) à la communauté musulmane.

Avec pour thème « Être musulman aujourd’hui : foi, témoignage,
responsabilité », il mêlera conférences et prédications variées («L’éducation et la foi », «Une foi qui éclaire la raison », « Et si on s’était trompé ? »), mais aussi espaces de prière et grand bazar de la mode, de la littérature et de la gastronomie. À quelques encablures de là, samedi, une manifestation réunira, de la mosquée à l’hôtel de ville de Drancy, les opposants à l’imam local, Hassan Chalghoumi, contesté à la fois pour son opposition très médiatisée au voile intégral et pour les liens qu’il a tissés avec la communauté juive. Deux événements et deux réalités de cet islam de France qui s’invente, non sans heurts, en Seine-Saint-Denis.

Particularité locale, la présence musulmane y est à la fois ancienne, nombreuse et diversifiée. Les premières salles de prière sont apparues dès les années 1960 dans les foyers de travailleurs algériens. Au départ essentiellement maghrébine, la communauté s’est enrichie ces dernières années de l’arrivée de populations musulmanes venues plutôt d’Afrique subsaharienne, de Turquie ou du Pakistan. « Alors que l’islam des Hauts-de-Seine ou du Val-de-Marne reste assez homogène, en Seine-Saint-Denis, c’est un vrai kaléidoscope », souligne Bernard Godard, coauteur de Musulmans en France (1).

Au total, et selon les évaluations, les habitants de culture musulmane (qu’ils soient français ou étrangers) compteraient environ pour un tiers de la population. « Le centre de gravité de l’islam de France s’est déplacé du nord de Paris vers la Seine-Saint-Denis », constate M'hammed Henniche, secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de la Seine-Saint-Denis (UAM 93). La preuve ? Toutes les grandes fédérations – Grande Mosquée de Paris (liée à l’Algérie), Rassemblement des Marocains de France et UOIF – sont représentées dans le département. Mieux : les onze membres du bureau du Conseil régional du culte musulman (CRCM) « Île-de-France Centre » (qui couvre les départements de Paris, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis) vivent et travaillent dans ce département. Selon une estimation de son secrétaire général, Merzak El Bekkay, la Seine-Saint-Denis accueillerait également les deux tiers des 200 mosquées ou salles de prière recensées par le CRCM.

Une présence forte, donc, mais éclatée, voire divisée. Les clivages ethniques restent prégnants, et ce même lorsqu’ils ne se traduisent par aucune différence cultuelle. La communauté turque reste ainsi repliée sur ses mosquées, pour des raisons essentiellement linguistiques. De leur côté, dans leurs zones de forte implantation, comme à Montreuil, les Africains fréquentent volontiers les salles de prière installées au sein des foyers et fonctionnant, rapporte Bernard Godard, « comme des mini-cités avec leur école coranique, leur marché de viande halal, etc. ».

En Seine-Saint-Denis, parce qu’elles n’ont pas accompagné l’installation du culte musulman mais ont pris le train en marche, les grandes fédérations ont moins qu’ailleurs la haute main sur les associations cultuelles qui gèrent les mosquées. Les lieux de culte « indépendants » – liés à une confrérie ou rassemblant des musulmans sur la seule base locale – seraient même plus nombreux que les « affiliés ». À elle seule, la création de l’UAM 93, au lendemain des élections municipales de 2001, marque bien cette volonté de construire un « islam de France », des « petites associations de quartier », jeunes et multiethniques, loin de « l’islam des consulats »…

« Le centre de gravité de
l’islam de France s’est
déplacé du nord de Paris
vers la Seine-Saint-Denis. »

Il s’agit aussi d’entrer dans un rapport de force assumé avec les maires pour obtenir des lieux de culte. Une « course à la mosquée » – selon la formule de Bernard Godard – qui, dans un contexte à la fois d’éclatement des courants et de méconnaissance, voire de méfiance de la part des élus, aboutit à des solutions plus ou moins heureuses : ici le choix d’un courant privilégié auquel le maire « donne » une mosquée, là une volonté de les réunir tous sous un même toit pour mieux les maîtriser… Et parfois conduit à de réels échecs, comme à Drancy, où la contestation s’éternise à l’encontre de l’imam Chalghoumi.

Éclatement, donc, autonomie partielle, mais aussi rajeunissement de la communauté et de ses représentants. « Dans de nombreuses villes, les associations ne sont plus gérées par l’ancienne génération », note Merzak El Bekkay, en reconnaissant que « ce passage a été difficile » lorsque les fondateurs voulaient laisser les clés à « quelqu’un de confiance, du même courant ». Or, « pour les jeunes, les différences ethniques n’ont plus de sens, rappelle Ahmed Jaballah, membre de l’UOIF et directeur de l’Institut européen des sciences humaines installé à Saint-Denis. Ils sont tous français, parlent français et ne voient plus l’intérêt de se rassembler sur une base ethnique. » Pour lui, le phénomène des mosquées contrôlées à distance par le pays d’origine de leurs dirigeants « va de plus en plus s’effacer ». Plus fréquente, la traduction en français du prêche du vendredi (par l’imam lui-même quand il le peut, sinon par un membre de la
communauté) joue indéniablement en ce sens.

Le rajeunissement peut toutefois s’accompagner aussi d’un retour à un islam plus identitaire dans la veine du prédicateur Tariq Ramadan, loin de celui des pères ou grands-pères. « En Seine-Saint-Denis coexistent donc des musulmans attachés aux grandes fédérations, d’autres qui pratiquent mais sans s’y engager, des jeunes peu formés et adeptes du mouvement piétiste du Tabligh, et même des musulmans athées – même si l’expression peut surprendre – mais qui restent attachés à certains rites comme celui du Ramadan », résume Mohammed Colin, directeur du site Internet SaphirNews, installé à Saint-Denis. Une mosaïque dont on retrouvera toute la diversité ce week-end dans les allées du Bourget.




ANNE-BÉNÉDICTE HOFFNER - La Croix, 1er Avril 2010
(1) Bernard Godard et Sylvie Taussig, Les Musulmans en France. Courants, institutions, communautés : un état des lieux. Hachette, 454 p., 10,50 €.

Aucun commentaire: