"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, août 11, 2010

DIASPORABLOG
APPORTE
SONSOUTIEN
A....


KSSV

KISSOUM SAVATE

STOP LA VIOLENCE



Karim Maddi :
Un sport de combat
pour lutter contre la violence



Sa vie a basculé 
le jour où son petit frère a été tué 
dans son lycée au Kremlin-Bicêtre. Depuis, il a lâché la restauration pour se consacrer à la création d’une association de boxe, pour sensibiliser 
les jeunes au respect, à la non-violence, 
à un mode de vie.

Karim Maddi soulève avec précaution une petite plaque noire ovale. Dessus, sont gravés un gant de boxe blanc et une inscription : «À la mémoire d’Hakim». Un hommage pour son petit frère mort de plusieurs coups de couteau dans son lycée du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 8 janvier 2010. « La boxe, c’était sa vie. Il avait découvert ce sport six mois avant d’être agressé. Il me saoulait avec la boxe, il voulait à tout prix que j’en fasse avec lui.» Karim n’aura pas eu le temps de se laisser convaincre. Peu après la mort d’Hakim, il se lance à corps perdu dans l’assaut et le combat. Et décide de créer une association avec Lyes Boudjemline, le coach de son petit frère. «L’association s’appelle Kimsou savate stop la violence. Kimsou, c’était le surnom de mon frère, savate, c’est l’autre nom de la boxe française.» Une association née d’un choc terrible, celui de la perte « injuste » d’un petit frère. Son but : transformer le flot de rage de certains jeunes en «bonne énergie». «Ça aurait pu arriver à n’importe qui d’autre. Si vous l’aviez connu, il adorait le sport. Je ne veux pas que ça se reproduise», lâche Karim. Kimsou, c’est une forme de réponse à ce drame, un refus de se résigner à la brutalité. «C’est pour dire qu’il y a d’autres manières de communiquer que par la violence et que garder son sang-froid, ça s’apprend. Il fallait le voir, le petit. Il avait un sourire et des étincelles dans les yeux quand il venait boxer», poursuit le coach. Hakim était au lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre. Il venait d’avoir dix-huit ans. C’était l’avant-dernier d’une fratrie de six enfants. Il s’entraînait deux fois par semaine. Les autres jours, il travaillait comme caissier à Franprix pour gagner un peu d’argent et s’apprêtait à passer son permis de conduire.

La famille d’origine tunisienne s’installe en France au milieu des années 1980 dans la cité des Martinets, au Kremlin-Bicêtre. Le père travaille comme gérant d’une supérette. La mère a élevé les six enfants. Chacun a fait son bout de chemin. Sans accroc. «On avait une vie ordinaire, pas de délinquants, pas de braqueurs…», plaisante Karim, qui a aussi grandi dans la cité. Sauf que lui a quitté le quartier pour suivre une formation dans l’hôtellerie à Paris. Avec son BTS en poche et des stages en province, il décroche un premier boulot par intérim chez un traiteur en vogue. « Au début, je m’occupais de faire les courses, les commandes, puis j’ai fait la réception et la gestion des équipes. J’ai gravi les échelons jusqu’à devenir manager. Je gagnais très bien ma vie.» Mais la restauration impose un rythme de nuit, très soutenu. Un rythme difficilement compatible avec la vie de famille. En 2006, il devient vacataire pour consacrer du temps à son fils. Et la vie aurait pu ainsi continuer, s’il n’y avait pas eu ce «drame».

À la mort d’Hakim, la famille Maddi s’effondre. «On a ressenti un immense vide. Depuis, il manque toujours quelqu’un.» Karim sent qu’il faut agir vite. Ne pas garder la tête sous l’eau. Respirer à nouveau. Mais que faire ? La boxe s’est imposée comme une évidence. Pour Karim et sa famille, c’était un moyen de «dire qu’on n’oublie pas Hakim et que la violence ne sert à rien. Mais on ne veut pas passer notre vie à commémorer, on veut agir». Et le coach Lyes Boudjemline d’ajouter : «Si on peut éviter ne serait-ce que la mort d’un ou deux autres jeunes, alors nous avons le devoir d’ouvrir à tous cette association sportive de lutte contre la violence. » Pour rompre les clichés habituels sur les cités, Karim et Lyes ne veulent pas d’une salle au cœur de la cité. Ils ne veulent pas s’adresser uniquement aux jeunes. «C’est faire le jeu du cloisonnement. Pour nous, le sport permet de réunir des gens issus de plein de milieux. La boxe, ce n’est pas que pour les jeunes qui traînent dans les halls d’immeuble. Nous voulons ouvrir le plus possible aux petits, aux scolaires, aux chômeurs, aux médecins, aux mamans aussi. » Depuis plusieurs mois, les deux sportifs courent les ministères et les institutions susceptibles de financer ce projet. Karim partage son temps entre le lancement de l’association et la quête d’une nouvelle salle de boxe. «J’ai bien conscience que je ne gagnerai pas autant d’argent qu’avant mais à vrai dire ça m’est égal. J’ai mûri et l’argent pour moi n’a plus d’importance. J’ai envie d’apporter ma contribution, de faire avancer les jeunes, de leur donner un cadre et d’impliquer leurs parents. »

Sans le sport, sans la boxe, sans l’association, Karim et Lyes affirment qu’ils n’auraient pas tenu le coup. «Le sport, c’est un mode de vie. C’est le respect de soi-même et le respect des autres. Ce sont des règles, des habitudes qu’on met parfois du temps à comprendre.» Pour tous ceux qui connaissaient Hakim, la boxe est devenue «une thérapie de groupe, analyse le coach. Si ça marche pour nous, pourquoi ne pas l’étendre comme une forme de prévention de la violence dans les collèges et les lycées. Le but, c’est de se sentir valorisé et de se faire plaisir. Ce sera un travail d’équipe avec les parents et les enseignants».

Karim et sa famille reçoivent des mots de soutien du monde entier. Depuis le 8 janvier 2010, des jeunes passent à la salle de sport où s’entraînait Karim pour voir la plaque d’hommage et pour se renseigner sur les cours de boxe. «Les amis d’Hakim continuent à venir par curiosité et finalement ils restent et reviennent aux entraînements», raconte Lyes. Des soutiens aussi pour cette initiative associative qui permettent à chacun de faire une part de deuil, de chasser l’insupportable et de garder espoir. «Hakim ne reviendra plus, tranche d’un ton grave Karim Maddi. Mais nous ne voulons pas la guerre. On veut seulement que ça n’arrive plus. On sait qu’on ne va pas tout résoudre, mais si on peut apporter notre expérience… Et se dire que grâce à nous, notre frère n’est pas parti pour rien. On dit que la gloire, c’est de se relever à chaque fois qu’on tombe.»


Source :
le site de l'HUMANITE en ligne
le 10 août

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