ISRAËL
LETATJUIF
QUIDERANGE
Source : le site de la règle du jeu
en ligne le 22 avril
Pour saluer Ben Gourion
et quelques principes
Patrick Klugman
Dès lors que l’on traite d’Israël, l’insignifiant devient rapidement un événement. En l’occurrence, il a suffit que le Conseil de Paris, à l’initiative de Bertrand Delanoë, décide de dénommer une allée de la capitale, David Ben Gourion, pour qu’une violente campagne de contestation d’Israël toute entière fondée sur le ressentiment, la haine et l’ignorance prospère.
Que n’a-t-on pas entendu sous les fenêtres de l’Hôtel de ville : Ben Gourion assassin !
Ben Gourion, un assassin ? Voilà un bien sale tour joué à l’histoire en général et au personnage en question en particulier.
Cet homme qui a préféré en 1947 le confetti d’Etat qu’on lui proposait plutôt que de continuer à se battre pour une chimère ; cet homme qui a constamment, en 1948, en 1956, en 1967 affirmé : la paix plutôt que les territoires ; et ce même homme qui a décidé d’élever une université avant d’avoir le premier étudiant à y inscrire ou de débloquer le dixième du budget du jeune Etat naissant pour faire acquérir des bouts de papier vieux de deux mille ans, les rouleaux de la mer morte, auxquels nul autre que lui ne prêtait réellement attention ; est-ce là d’un assassin dont il s’agit ?
Ben-Gourion n’était pas pour autant un pur esprit. Ce serait même le salir que prétendre l’inverse. Homme d’Etat avant d’avoir eu un Etat, il a dû s’improviser en même temps que naissait celui-ci, chef de guerre contre cinq armées coalisées, sans avoir jamais tenu une arme. La guerre qui lui a été imposée, il l’a assumée – n’était-il pas en plus de premier ministre, ministre de la défense ?- mais il l’a faite sans l’aimer comme l’écrit si justement Bernard-Henri Lévy.
C’est précisément au terme de ces deux gestes qu’est né le grand homme : d’abord, lors du plan de partage de la Palestine, par le rejet de l’idéal au profit du minimal pourvu qu’il soit concret, puis, immédiatement après, lorsque ce sera la guerre, par le renoncement à l’innocence qui convenait si bien à sa formation intellectuelle. Est-ce un hasard, si au moment où se jouait le sort de l’Etat d’Hébreu, Sartre faisait dire à l’un de ses personnages dans une tirade des Mains sales restée fameuse : « Moi j’ai les mains sales. Jusqu’aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment? »?
Je sais bien qu’il y a, y compris parmi mes collègues du Conseil de Paris, de nombreuses personnes qui regrettent que l’on n’ai pas honoré à la même occasion Yasser Arafat, de telle sorte que les pères fondateurs de ces deux causes nationales antagonistes mais fondamentalement justes se soient trouvés distingués au même moment. Je comprends le symbole mais l’on ne peut pas tout sacrifier aux symboles. Car c’est le grand malheur de la cause palestinienne que de n’avoir pas trouvé en Arafat son Ben Gourion. A chaque fois que cela lui a été proposé, encore en 2000 à Camp David pour la dernière fois, il a justement préféré la chimère à la terre. Et s’il fut un piètre militaire, il a toujours veillé jalousement à ce que le contraire soit écrit et rapporté sur son compte, y compris dans le choix de son accoutrement. Sans doute est-ce l’une des raisons pour lesquelles, 62 ans après la naissance de l’Etat d’Israël, il faut déplorer que celle de son voisin palestinien se fasse encore attendre.
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