"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, juin 17, 2009

MILLEFEUILLE
Source : lemonde.fr en ligne le 17 juin


"L'Holocauste comme culture", d'Imre Kertesz :
réinventer l'Europe après Auschwitz


Ce recueil de discours, conférences et textes écrits entre la chute du mur de Berlin et 2003, reprend l'intitulé d'une conférence donnée par Imre Kertesz à l'université de Vienne en 1992,

"L'Holocauste comme culture". Cette formulation surprenante vise à prendre la mesure d'un phénomène qui a mûri dans les années 1990 : la banalisation de la Shoah. Alors même que l'on parle de plus en plus de l'Holocauste, la réalité de celui-ci, le quotidien de l'extermination, échappe de plus en plus au domaine des choses imaginables.

L'institutionnalisation de la Shoah passe, selon l'écrivain, Prix Nobel de littérature en 2002 et survivant des camps, par un rituel moral et politique, un langage de pacotille, qui se manifeste par une sous-culture. Ses effets vont de la muséification de cet événement, qui fait dire à Kertesz qu'un jour "les étrangers qui viennent à Berlin se promèneront dans le parc de l'Holocauste pourvu d'un terrain de jeu", à des oeuvres kitsch comme La Liste de Schindler, et, à travers elle, à l'"hollywoodisation" de la Shoah, devenue, depuis le film de Spielberg, un genre cinématographique.

Ces phénomènes ont un double effet : dépouiller les survivants des camps de leur vécu et réduire Auschwitz à une affaire entre Allemands et juifs, quand il s'agit de l'envisager comme une expérience universelle. Kertesz estimait, dans son discours de réception du prix Nobel, que l'Holocauste marquait le terminus d'une grande aventure où les Européens sont arrivés au bout de deux mille ans de culture et de morale.

D'où la grande question de son ouvrage : comment l'Europe peut-elle se réinventer après Auschwitz ?

Kertesz défend une culture de l'Holocauste, détaillée dans des textes consacrés à des thèmes aussi divers que le totalitarisme communiste, la république de Weimar, les intellectuels hongrois, ou Jérusalem, ce dernier article se révélant l'un des plus décisifs du recueil, l'auteur y définissant avec subtilité et pertinence sa spécificité d'écrivain juif.

L'Holocauste est une question vitale pour la civilisation européenne, qui se doit de réfléchir à ce qui a été fait dans son cadre, si elle ne veut pas se transformer en civilisation accidentelle. "Si l'Holocauste a créé une culture, sa littérature peut puiser son inspiration à deux sources de la culture européenne, les Ecritures et la tragédie grecque, pour que la réalité irréparable donne naissance à la réparation, à l'esprit, à la catharsis", écrit Kertesz, qui, à défaut de savoir ce que peut faire l'Europe, n'a aucun doute sur ce qu'elle doit faire.


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L'HOLOCAUSTE COMME CULTURE d'Imre Kertesz. Actes Sud, 276 pages, 22 €.

Samuel Blumenfeld

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