"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, juin 11, 2008

DEBATTONS

LES ELECTIONS
AU GRAND RABBINAT DE FRANCE
Source : lefigaro.fr en ligne le 10 juin



Grand rabbin de France
et fidélité au judaïsme français


par Armand Abécassis


A l'occasion de l'élection du grand rabbin de France qui aura lieu le 22 juin, le philosophe Armand Abécassis décrit le profil que requiert cette fonction.
Des personnalités comme les grands rabbins David Sintzheim, Zadoq Kahn et Jacob Kaplan qui faisait partie de l'Académie des sciences morales et politiques , furent exemplaires parce qu'elles incarnèrent le judaïsme français et son ouverture à l'image de la France terre d'accueil et de tolérance. Chacun d'eux, du XVIIIe au XXe siècle, a donné le témoignage que la fidélité au judaïsme n'était en rien contradictoire avec l'attachement à la France républicaine et laïque et que l'antisémitisme était une insulte à la France autant qu'au judaïsme.
Ils ont d'abord montré que le grand rabbin de France n'est pas un pape. Il est faillible parce que c'est un être humain, formé au séminaire israélite de France comme tous les rabbins des communautés et les grands rabbins des départements. Il ne porte pas la titulature de «Sainteté» parce que sa fonction l'oblige à des compromis qui risquent de tourner en compromissions. Il est grand dans la hiérarchie purement sociale parce que la grandeur peut se trouver chez n'importe quel rabbin. Il est grand rabbin, c'est-à-dire chargé de l'organisation religieuse, rituelle, culturelle, de la communauté juive française, aidé des rabbins des communautés qui ne sont pas tenus de lui obéir dans tous les domaines. Sa fonction rabbinique consiste d'abord à unir et à rassembler les juifs français par la médiation d'une parole accueillante, d'une conduite et d'un engagement à la mesure concrète de cette parole. Elle lui enjoint donc d'y parvenir grâce à des créations, à des investissements nouveaux et permanents, capables de renouer le dialogue entre les juifs de quelque bord qu'ils soient.

La parole d'un rabbin, s'il prétend à la maîtrise comme les rabbins du Talmud, ne cherche pas ni à convaincre, ni à persuader. De quoi donc pourrait-il convaincre ou persuader ? Sa parole doit seulement donner à penser à ses interlocuteurs, à les faire réfléchir sans aucune arrière-pensée, avouée ou non, de convertir qui que ce soit. La parole biblique qu'il a apprise, en principe, à lire et à comprendre, n'a besoin, en aucune façon, qu'il voie en chaque juif qu'il rencontre un futur croyant ou un futur pratiquant. Il lui faut la communiquer de telle façon qu'elle donne à penser par sa propre valeur et par sa propre force.

La fonction essentielle du rabbin est d'élever le niveau intellectuel et spirituel de ses ouailles pour qu'ils l'aident à assurer la paix, la solidarité et la responsabilité dans sa communauté. Et surtout, surtout, le rabbin a le devoir d'honnêteté intellectuelle et morale, de montrer, par son témoignage, que ce qu'il enseigne est possible pour l'être humain, puisqu'il le pense et l'applique dans sa vie publique et dans sa vie privée. Nous appelons cette vertu la droiture et nous disons d'un homme droit, accédant à ce premier niveau éthique : yachar. On nous rappelle, dans la prière du shabbat matin, que ce sont les yesharim les hommes droits qui peuvent témoigner de la transcendance divine. Ils sont seuls habilités à enseigner la Loi parce qu'ils s'y soumettent réellement.

Et puis, le grand rabbin de France est français. Il vit en France, est installé à Paris parce que c'est la capitale de la France, dans laquelle résident toutes les notabilités, les ministres et le président de la République. Il prie dans la grande synagogue de la rue de la Victoire, parce que c'est la synagogue officielle du consistoire israélite français. C'est dans cette grande synagogue que se déroulent les cérémonies officielles qui rassemblent les juifs et les notables, les représentants civils et militaires de notre pays.
Une triple responsabilité est inscrite dans ce titre de grand rabbin de France. Celui qui y accède est d'une culture générale et française très étendue. Les diplômes universitaires français qu'il possède l'attestent et le confirment, quand ils sont joints à ses diplômes rabbiniques. Il a également le devoir de défendre la vocation républicaine et laïque choisie par les Français depuis plus de deux siècles autant que l'identité juive. C'est lui qui fournit à tous les juifs, religieux ou non, attachés à la communauté ou non, et à tous les Français aussi, les moyens et les voies par lesquels le dialogue entre la laïcité et la religion se construit dans le respect et dans l'enrichissement réciproque. Et comme le judaïsme n'est pas l'unique religion en France, le grand rabbin de France ne peut éviter, sous peine de conséquences graves, pour les juifs de France et pour l'État d'Israël, d'entretenir et d'améliorer le dialogue délicat entre les juifs, les chrétiens et les musulmans. C'est tout à l'honneur d'un rabbin d'organiser ou de participer à des séminaires judéo-chrétiens et judéo-musulmans.
Enfin, que dire de l'attachement inconditionnel que le grand rabbin de France doit nourrir à l'égard de l'existence de l'État d'Israël, quel que soit son gouvernement qu'il est évidemment toujours possible de critiquer. Le retour de l'histoire juive sur sa géographie est une dimension fondamentale de l'espérance juive. Cela ne permet pas au rabbin de pousser les juifs français à s'y installer : ce n'est pas le rôle du grand rabbin de France, car il habite la France et représente le judaïsme français. Dans son enseignement et dans ses sermons, les termes de judaïsme, de laïcité, d'Israël et de France se combinent, se conjuguent et se heurtent même, parce qu'ils traduisent les quatre options dialectiques de l'identité juive française. Aucune des quatre options ne peut en être exclue, dévalorisée ou hégémonique par rapport aux autres.
Le judaïsme français est spécifique : il ne peut pas, il ne doit pas perdre son identité ni se dissoudre derrière les autres modalités du judaïsme : américaine, allemande ou polonaise. La tâche importante du grand rabbin de France est de veiller à la sauvegarde et à l'originalité du judaïsme français comme à son unité et à sa spécificité unissant la sagesse des nations et la sagesse juive.

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