INTERVIEW
DIASPORABLOGJ
de DAVID HANSEL
Directeur de Recherche au CNRS
"BOYCOTTER
ISRAEL ET SES CHERCHEURS
EST UNE IDEE SCANDALEUSE"
Du 2 au 4 juillet prochain, se déroulera à Bordeaux, la 2è rencontre entre chercheurs français et chercheurs israéliens. Elle réunira plus d'une centaines d'universitaires et d'étudiants et aura pour thème cette année : NEUROMODULATION et FONCTIONS CEREBRALES SUPERIEURES. A l'initiative de cette rencontre, un universitaire français : David Hansel, Directeur de Recherche au CNRS, spécialisé dans la science des neurones. Il est aussi chercheur associé à l'Interdisciplinary Center Neuralcomputation à l'Université hébraïque de Jérusalem, l'un des responsables du Laboratoire Internationale Associé Franco-Israélien dans le domaine
neurophysique et neurophysiologique. Il est à la tête de la Société Internationale de Recherche EMMANUEL LEVINAS et collabore régulièrement à de nombreuses revues scientifiques.
Au coeur du système universitaire, acteur fort engagé dans la coopération inter-universitaire, en particulier, dans la coopération entre la France et Israël dans ce secteur, David Hansel ne cache pas sa vive inquiétude devant les menaces de boycott -comme viennent de le démontrer les universités britanniques- qui continuent de peser sur les universités israéliennes.
A quelques jours de cette rencontre scientifique, David Hansel a tenu à faire le point sur ces affaires de boycott en répodant aux questions de DIASPORABLOGJ :
Plusieurs universités britanniques ont décidé de boycotter les universités israéliennes ? Cela se traduit comment concrètement pour ces universités visées par ce boycott ? Quelles sont les Universités qui sont principalement touchées ? Quels sont les domaines scientifiques pénalisés par cette attitude ?
Pour être précis, les universités britanniques n'ont pas decidé le boycott. Il s'agit en fait d'un appel au boycott universitaire venant des principaux syndicats d'enseignants britanniques. Les domaines probablement les plus affectés sont les sciences humaines. Il s'agit d'un phénomène rampant qui a commencé il y a environ 5 ans. Chaque année, la campagne d'appel au boycott se fait de plus en plus insistante.
D’autres pays européens ont-ils pris cette décision ? Ne craignez-vous pas, à la suite du boycott des universités britanniques un risque de contagion de ce type d’attitude hors des frontières d’Israël ?
Je n'ai pas connaissance d'autre pays européens en dehors de la Grande Bretagne ou des grands syndicats d'enseignants auraient récemment appelé au boycott de leurs collègues israéliens. On se souviendra néanmoins de la motion votée par le conseil d'administration de Paris VI en décembre 2002. D'autres universites francaise avaient ensuite voulu faire de même. Mais Paris VI avait été contraint à annuler cette motion un mois après son vote, suite à la mobilisation massive de dizaine de milliers de scientifiques dans le monde.
Le gouvernement israélien a-t-il pris des mesures pour endiguer le boycott de ces universités?
Jusqu'à présent les appels au boycott n'ont pas eu de conséquence notable sur la coopération avec Israël sur le plan institutionnel. Autant que je sache, la position des autorités israéliennes est donc de minimiser l'importance du boycott.
Où en sont, à l’heure actuelle, les relations entre les deux pôles universitaires ? Quelles sont les chances de revenir à une atmosphère sinon sereine, du moins normale ?
Les appels au boycott empoisonnent la vie scientifique internationale même s 'ils n'affectent pas pour l'instant les grands programmes d'échange. Aussi, je ne suis pas très optimiste pour l'avenir. En ce qui me concerne je n'accepte les contacts avec les collègues anglais qu'après m'être assuré que leur attitude face à l'idée même d'un boycott est claire, à savoir que boycotter Israël et ses chercheurs est une idée scandaleuse.
On sait qu’au lendemain de la seconde Intifada, les universités françaises s’étaient engagées dans la voie du boycott ? Il semble que sur ce front des échanges entre la France et Israël le climat entre les universités des deux pays se soit apaisé ? Vous qui êtes au coeur de ces échanges, après la décision de vos collègues de Grande Bretagne, êtes-vous complètement rassuré ?
Le boycott n'est pas la conséquence de la seconde Intifada. Il s'agit d'une étape de plus dans la délégitimation d'Israël qui a connu en Europe et en particulier en France une accéleration fulgurante au milieu des années 1990. Les appels au boycott d'Israel sont une stratégie visant à promouvoir l'idée qu'Israel serait un avatar de l'Afrique du Sud . Cette derniere, on s'en souvient, fut l'objet d'un boycott économique et universitaire internationale généralisé, lorsqu'elle était gouvernée par un régime raciste. Cette stratégie est régulierement au centre de certaines réunions internationales d'ONG comme à Durban il y a 4 ans. L'objectif à long est de mettre Israel au ban des nations, voire à le faire disparaître car son existence constituerait le plus grand scandale du 21ème siècle.
Ceci dit, les relations scientifiques entre la France et Israël sont excellentes ces dernières années. Peut être d'ailleurs était-ce par réaction à cette atmosphère « empoisonnée » que les institutions de recherche en France ont renforcé les liens avec leurs partenaires en Israël. Sur ce plan je suis un peu rassuré.
A ce stade de l’interview, pouvez-vous nous brosser l’état des lieux en ce qui concerne la coopération scientifique entre la France et Israël ? Quels sont les domaines où il y a de sérieuses avancées ?
Un haut comité pour la coopération entre la France et Israël a été mis en place il y a 3 ans. Une Fondation France-Israël présidée par Jacques Huntzinger, ancien ambassadeur de France à Tel Aviv, a été récemment créée. Les échanges sont intenses dans le domaine des mathématiques, de l'informatique ainsi que dans plusieurs domaines de pointe en Biologie, comme celui des sciences du cerveau. Dans ces domaines, Israël comme la France excellent. Le colloque bi-national qui se tiendra la semaine prochaine àBordeaux portera sur les neurosciences. Nous y attendons une centaine de chercheurs et étudiants. C'est le deuxième colloque du genre. Le premier s'était tenu en Israël il y a un peu plus de deux ans. Nous éspérons pouvoir pérenniser ce type de rencontre scientifiques en créant une Societe Franco-Israélienne pour les Neurosciences.
Le nouvel attelage gouvernemental en France, Sarkozy-Kouchner vous paraît-il être un gage d’impulsion pour cette coopération ?
Nous l'espérons.
Propos recueillis
par Bernard Koch
DU 2 AU 4 JUILLET
RENCONTRE SCIENTIFIQUE
FRANCO-ISRAELIENNE
A BORDEAUX
Neuromodulation
et Fonctions Cérébrales SupérieuresS
Salle de Conférence du Haut-Carré,
Agora des Sciences,
Talence, Bordeaux, France
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