DEVOUSAMOI
L'édito de Diasporablogj
La communauté juive de France :
Une communauté en déclin
Deux présidentielles en parallèle pour la communauté juive de France. L’une qui engage le destin de la France. L’autre qui engage l’avenir d’une institution communautaire d’envergure, le CRIF, le Conseil Représentatif des Institutions juives de France. D’un côté, une élection où la communauté juive est remarquablement absente des préoccupations des principaux candidats. De l’autre, une campagne, dans laquelle–c’est une première pour le CRIF- quatre candidats se sont élancés depuis le 23 mars dernier et qui se déroule dans un silence assourdissant. Il est vrai que la base de la communauté n’y ait pas invité, seules plus de 80 associations y trouvent de l’intérêt, représentées par 165 délégués, nommés aussi grand électeur, appelés à voter pour le successeur du Président en fonction. Nous y reviendrons.
Avant de chercher à réformer ses structures (le CRIF, mais aussi le Fonds Social Juif Unifié, le Consistoire de Paris, le Consistoire Central de France, et leurs diverses filiales–synagogues, centres communautaires, vie sociale), les dirigeants de cette communauté feraient mieux de s’atteler à une tâche bien plus importante encore, jamais abordée à ce jour, à commencer par balayer devant leur porte, pour faire revenir cette communauté à son éthique initiale et à ses vraies valeurs et faire changer la mentalité de celle-ci.
Dimanche dernier, une dame appelle une radio juive –radio J pour ne pas la nommer-lors d’une émission diffusée à 15h d’une libre expression et se plaint : «mais comment se fait-il que les médias audio-visuels n’ont pas annoncé la fête de Pessah, alors qu’ils annonce le Ramadan des Musulmans. Ne serait-ce pas, interroge-t-elle l’animateur, une prolongation de la désinformation contre les Juifs ?» Or, huit jours plus tôt, Claire Chazal, le week-end –il se peut, n effet, que cette dame n’ouvre pas sa télé le Shabbat- et David Pujudas, considéré comme le plus pro-arabe des journalistes de l’audio-visuel pour une partie de la communauté juive, en font mention dans leurs journaux respectifs. Le lendemain de son intervention, le journaliste de Soir 3 lance la diffusion d’un reportage mettant côte à côte la Pâque juive et la Pâque chrétienne.
Cette anecdote est significative de l’état d’esprit dans lequel se trouve la majorité des Juifs de France. La communauté juive de France vit dans une réelle schizophrénie. Dans une bulle
asphyxiante qui la fait éloigner de la société et donc des réalités. Les responsables de la communauté juive de France ne font rien, par ailleurs, pour la réconforter, pour qu’elle retrouve sa confiance et la confiance au pays. Le rôle que se donnent les dirigeants de la communauté juive, est d’une part d’exclure la base de leur conclave et d’autre part, de ne surtout pas corriger l’image néfaste qu’a cette communauté du monde extérieur. On ne sait jamais, cela peut toujours servir pour une mobilisation. Tous contre elle. Certes, nul ne peut nier la gravité de la réalité vécue, les inquiétudes que suscitent une situation de victimes d’actes antisémites et les problèmes auxquels elle fait face avec beaucoup de courage quotidiennement. Ces points-là sont indiscutables. De là, à ce qu’elle se recroqueville frileusement dans sa coquille !….
Il y règne comme une atmosphère de suspicion vis-à-vis des membres de son propre camp. Tous les maux d’un groupe humain tombé en déliquescence sont réunis. C’est à celui qui aura le premier la peau de l’autre. Coups bas en permanence, médisances, incompétences à tous les étages, passe-droit en veux-tu, en voilà, fauteuils inamovibles et donc fauteuils papaux dorés et par conséquent inaccessibles, abus de pouvoir, comptes et gestions plus apparents que transparents.
Les jeunes sont ici mises à l’écart du jeu, hors mis leur participation aux manifestations qu’organisent le CRIF –comme ce fut le cas de la manifestation à demi réussi en hommage à Ilan Halimi l’an passé. Une affaire dramatique qui a vu naître d’autres affaires : livres, disques et tee-shirts. Une affaire mal géré par leurs organisateurs –on y a vu, rappelons-le pour mémoire, la présence de Philippe de Villiers (il aurait été d’ailleurs aperçu d’après certaines informations au dernier dîner du CRIF).
Pas question, pour ces jeunes de la communauté de rêver à faire carrière, ni à une promotion au sein du circuit hermétique de la communauté. Plus qu’ailleurs, on se réunit en famille ou on pratique le fameux « copain-coquin ». C’est sur ce qu’il rapporte à la société juive plus que sur ses compétences qu’il sera coopté.
Autre étrangeté frappante de la communauté juive de France, l’absence de débats où que se soit (radios, centres communautaires, presse écrite). Surtout, pas de sujets qui fâchent, pas de vagues. Pour vivre heureux, évitons tout dialogue. Sur lsraël, motus ! S’élever contre les errements de cet état est un acte impardonnable et sanctionne qui voudrait enfreindre la sacro-sainte règle de la fausse unanimité. Voir la « fatwa » juive qu’a subi cet automne le livre de Cécilia Gabizon et de Jonathan Weiss, « l’OPA sur les Juifs » . Bref ! Tous pour un et bouches cousues ! La démocratie est un sport purement israélien qui fait l’honneur de la communauté juive et sert même d’argumentaire en opposition aux dictatures des pays arabes.
La démocratie, oui ! Là-bas, pas chez elle ! Que dire lorsque Tsahal montre sa vulnérabilité lors d’un conflit plus ou moins bien orchestré par les responsables militaires israélien ? Solidaire d’Israël, oui, mais comment dans ce cas et jusqu’où? Aucun débat n’a pu avoir lieu. La solidarité à l’égard d’Israël n’est pas reprochable et même défendable, dès lors, sans se faire taxer d’antisioniste ou d’antisémite, il est possible de remettre en question ses choix. On ne nous parle plus, par exemple, de ses soldats israéliens kidnappés par le Hezbollah cet été et qui ont déclenché la guerre que l’on sait. Que sont-ils devenus ? Où en sont les négociations pour les libérer? Plus rien sur ces enlèvements!
Quant à juger, s’interroger sur les dysfonctionnements, les maladresses, le luxe employé par les institutions juives –combien coûte un dîner du CRIF dans un salon du Bois de Boulogne ?- c’est le risque de se faire éjecter de la société juive. Sortez, il n’y a rien à voir! Les grincheux, les « enquêteurs » qui s’y frottent, hors d’états de nuire. Sortez des rangs! Ils deviennent alors les « Spinoza », les « Jésus » des temps modernes. Le blâme, l’opprobre ne sont pas loin.
Quand à la solidarité soit-disant légendaire qui fait jalouser et saliver les Goyes. Parlons-en une bonne fois pour toutes ! Cassons le cou à cette bonne vieille idée reçue, c’est une vaste fumisterie ! Une galéjade. IL N’Y A AUCUNE SOLIDARITE ENTRE JUIFS. CETTE SOLIDARITE N’EXITE PAS. On n’est plutôt dans le meurtre de Caïn tuant Abel. Dans la haine de soi, le père faisant disparaître son propre fils. D’autres communautés sont bien plus solidaires, bien plus unis. La communauté africaine, la communauté arménienne.
Centres communautaires, hyper financés, vides de spectateurs, où seuls deux ou trois noms apparaissent, toujours les mêmes : Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, Alexandre Adler. Même avec ces stars de la communication, chouchous des médias, les salles où ils se produisent ne fond pas le plein.
En dehors des Loubavitch, les lieux de culte, en dehors du Yom Kippour, sont déserts le long de l’année. La pratique religieuse en commun est en très nette régression. Seules quelques rares petites synagogues peuvent s’en sortir et trouver des fidèles, en dehors des mariages et des Bar-Mitzva (celle de la Place des Vosges, ou celles de Belleville).
Que dire de la presse et de la radio juives ? Inaudibles, illisibles, quasi-inexistantes, sans influence sur les auditeurs sauf quand Israël se trouve en danger. Sans créativité. Des émissions irremplaçables et irremplacées depuis la création de quatre radios juives sur la même fréquence pour un potentiel de 500 000 auditeurs. Des journaus, voix de l’AFP tant contestée par ailleurs.
Dans cet univers qui aurait du être florissant et attractif, comme la presse juive d’après-guerre, le débat, la contradiction n’ont pas lieu d’être. La presse juive et la radio ont peu de lecteurs ou d’auditeurs. D’ailleurs, les quatre radios n’ont jamais sorti de chiffres sur leur audimat, ils n’apparaissent dans aucun classement de MEDIAMETRIE. La presse écrite (TRIBUNE JUIVE, L’ARCHE, ACTUALITE JUIVE, TELE J INFOS), quant à elle, sa diffusion reste confidentielle. Ses chiffres ne vous seront jamais communiqués. Secrets d’Etat. Ne parlons pas de la Télévision Juive. Etoile filante de la presse communautaire. Magouilles and Co, conflits de personnes et de pouvoir . Il y a peu de chance de voir sur les écrans du monde une Al-Jazira juive.
Les Juifs, même s’ils lui reprochent son parti pris en faveur des Palestiniens, restent des fervents adeptes de la presse nationale, tous formats confondus, compris le Monde, Le Figaro, Le Parisien, et même La Croix.
Bien terne bilan , il est vrai! Vérifiable pour qui voudrait se donner la peine d’y passer un petit moment en son sein et rencontrer non pas les Juifs d’en haut, mais les Juifs d’en bas.
Cette communauté qui fut des siècles durant le joyau de la Nation française et qui a donné à la France tant de noms brillants, a, aujourd’hui, perdu tout son éclat.
La communauté juive de France ne brille plus. Elle sombre bel et bien. Elle est passée de la communauté, en France, la plus exemplaire, la plus adulée, en même temps que la plus bannie selon les régimes, à une image pâlissante, l'ombre d'elle-même. Elle, qui a toujours rayonné. Elle est aujourd’hui, laissée par ses dirigeants à l’abandon, à son triste sort. Elle est à bout de souffle.
Sa santé morale, dans tous les sens du terme, est en voie de déclin.
Sans aucune issue de secours à l’horizon.
Bernard Koch
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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